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  • Étrangers en France Le nombre des étrangers vivant en France a doublé en deux décennies. Ils sont plus de quatre millions, un million et demi ayant moins de vingt ans. Augustin Barbara plaide en faveur d'un " contrat de double culture " qui aiderait à l'émergence d'un regard sans frontières. Isabelle Taboada-Léonetti analyse la place dans la société des enfants d'immigrés. Et Saïdou Bokoum dénonce le sort réservé aux créateurs africains exilés en France.

Par SAIDOU BOKOUM (*)

Publié le 06 août 1982 à 00h00 - Mis à jour le 06 août 1982 à 00h00 

On connaît bien le sort réservé aux immigrés africains en France. Mais sait-on celui des artistes, comédiens, et autres créateurs africains exilés ? Les artistes et les travailleurs immigrés africains vivent les uns et les autres dans un même ghetto culturel. Mais puisque la cause des travailleurs semble entendue, au terme de plusieurs années de généreuses litanies, je voudrais évoquer le sort de ces autres laissés-pour-compte de la coopération culturelle entre la France et ses partenaires de la francophonie africaine.

Depuis plus de vingt ans, les créateurs africains n'ont produit aucune œuvre digne de l'intérêt de ceux qui, habituellement, font vivre, par leurs subsides, les créations artistiques. Par exemple, si pour une décennie on peut compter, sur les cinq doigts de la main, les œuvres franco-françaises, candidates à l'éternité, on serait en peine de trouver l'œuvre qui émergera du magma francophone, depuis la nuit de l'impact colonial. L'ensemble des productions intellectuelles et artistiques, sans oublier les prestations des comédiens, artistes et interprètes musiciens, souffre d'une marginalisation généralisée ; cela est vrai pour les arts plastiques, mais aussi pour les arts dramatiques et chorégraphiques, encore que, pour la danse et a musique, il faille chercher cette vérité derrière les engouements faciles et passagers. Il y a eu certes ici ou là une œuvre qui a pu susciter l'événement, mais très vite, elle s'est noyée dans l'anonymat des témoignages et des documents "authentiques et émouvants". Mieux vaudrait donc en venir à des considérations simples, qui touchent à la vie des artistes, à leur art.

Vingt ans après l'indépendance de leurs pays d'origine, ces artistes en sont toujours à leur baptême du feu, face à ceux qui détiennent le pouvoir de la reconnaissance culturelle. Au fond, pour mieux saisir la situation de la culture africaine et de ses créateurs, du moins de ce côté-ci de la francophonie, on doit méditer la vision, devenue banale, de tout ce bric-à-brac de figurines autrefois sacrées, aujourd'hui étalées sur un bout de macadam qu'elles se disputent avec d'autres reines du trottoir. Il me semble en effet que la mort qui guette la culture africaine, telle qu'elle s'exprime ici et maintenant, sera moins un effet de l'indifférence ou du mépris occidental que de la division des tâches sur le modèle de la division du travail à l'échelle mondiale.

On se heurte au décor

Ainsi existe-t-il deux cinémas africains. Un premier, réalisé par des cinéastes non africains et dans lequel les comédiens africains jouent les éternels défenestrés ; cinéma qui détient l'insigne privilège de déverser en exclusivité sur l'Afrique par Kung-fu et Django interposés, des mers de boues rouges. Un deuxième cinéma de réalisateurs africains dont les œuvres vont, en règle générale, finir leur aventure ambiguë dans une obscure salle spécialisée dans les " Rétrospectives ". La situation du comédien africain est à l'image du sort fait au cinéma africain : il n'existe pas. Les rares fois où l'on croit l'apercevoir sur une scène, on finit par se heurter au décor. L'existence du metteur en scène africain est tout aussi fantomatique. La situation du théâtre nous le montrera de façon plus nette. Il n'est pas excessif de dire que le bilan de quelque vingt ans d'échanges culturels entre l'Afrique et la France, dans le domaine particulier du théâtre, se traduit presque exclusivement par le passage à Paris et en province de quelques ballets nationaux qui ont fini par figer, dans l'espace artificiel des scènes occidentales, ce que la danse africaine avait de complexe et de vivant.

Il n'est pas étonnant que la culture immigrée ait du mal à trouver place dans cet échange de produits d'exportation qui tiennent aisément au double fond d'une valise diplomatique. La culture immigrée se porterait mieux peut-être s'il y avait des dramaturges et des metteurs en scène africains. Mais force est de constater, que, à la manière des comédiens, ils s'agitent dans le décor : ils ont beau s'escrimer à monter avec du bric et du broc des pièces, ils n'arrivent à émouvoir que les organisateurs et les amateurs de colloques, de symposiums, et de commémorations. Et quand il arrive que certains organismes officiels leur viennent en aide, ne remplissant ainsi d'ailleurs que les obligations définies par leur mission ou leur vocation, ces organismes tentent d'excuser le caractère souvent dérisoire de cette aide, en faisant valoir son but... symbolique ; façon courtoise aussi de dire à son bénéficiaire que, tout compte fait, ni l'œuvre et que donc ni l'aide - la formule est réversible - ne s'imposaient.

Au total, après deux décennies de coopération culturelle, on ne compte pas une seule pièce africaine, montée dans un théâtre " normal ", pendant une saison normale, par un metteur en scène africain. Heureusement pour les Africains, il y a eu un Jean-Marie-Serreau pour monter Béatrice du Congo (de Bernard Dadié), un Peter Brook pour adapter l'Os de Mor Lam (de Birago Diop). Donc, il existe bien des textes africains, pour - on nous pardonnera bien cet africanisme - les ci-devant " metteurs " en scène. Mais pour la grande masse des textes africains qui n'ont pas eu la chance d'être marqués par la griffe « universelle » d'un Brook, il reste les officines et organismes publics qui ont vocation à favoriser les échanges entre l'Afrique et la France, mais aussi à promouvoir l'émergence d'une culture immigrée. Ce sont : l'A.D.E.A.C. (Association pour le développement des échanges artistiques et culturels) l'I.C.E.I. (Information culture et immigrés), l'A.C.C.T. (Agence de coopération culturelle et technique), pour ne citer que les plus officiels et les plus communément sollicités. Malgré la diversité et les ambitions des objectifs visés par ces sigles, il faut bien admettre que la reconnaissance d'une culture immigrée en est toujours au stade du vœu pieux.

Une culture d'exil assistée

À l'heure du changement, les intellectuels et artistes africains attendent toujours des signes qui attestent, de façon concrète, que ce " projet culturel ", qui semble sous-tendre toute l'action du pouvoir socialiste, ne se révélera pas être, pour ce qui les concerne, une nouvelle ruse de la "culture universelle", pour mieux sacrifier leurs espérances sur l'autel des intérêts d'État. On se contentera d'évoquer ici quelques actions prioritaires, dont la première serait d'adopter une attitude de principe, à la lisière de l'éthique et de l'esthétique : elle consiste à prendre les artistes africains pour ce qu'ils sont, à savoir des créateurs qui exigent que le regard porté sur les créations soit critique, expurgé de cette suspicion qui plane sur elles et qui, trop souvent, les range « humanitairement » dans le "divers social". À l'inverse, et à l'autre extrême, le maniement généreux de l'encensoir au-dessus de quelques têtes chenues, également trop souvent promises à représenter l'ensemble du continent africain devant l'éternité, ne doit plus faire illusion.

Les artistes africains doivent bénéficier des mêmes avantages et concours financiers que leurs collègues français : il serait culturellement suspect que la culture surgie en terre d'accueil soit condamnée à n'être qu'une culture d'exil, assistée comme une curiosité touristique. Les artistes africains vivant en France ne sont ni des Hurons ni des Harkis ; ils attendent du nouveau pouvoir qu'il mette en œuvre des actions d'incitation auprès des théâtres qu'il subventionne (au moins), pour que ces derniers aient les moyens de s'ouvrir aux productions africaines aussi. Un espace de création devrait également leur être ouvert en priorité. La Maison des nouvelles cultures du monde pourrait, entre autres vocations, jouer ce rôle, à condition qu'elle ne soit pas réservée aux notables et aux notoriétés. Car en art, personne ne peut représenter personne : l'art est un feu sacré et intime qui brûlerait la gloire la mieux assise. Bref, il y a toute une génération d'artistes africains qui ne se reconnaissent plus dans les systèmes ethno-humanistes, qui ne se satisfont plus de cette proto-existence pendue entre une rétrospective et une commémoration.

Depuis le 10 mai, il y a eu des gestes et des actes incontestablement généreux, accomplis à l'adresse des O.S. et des balayeurs africains. Plusieurs centaines d'artistes attendent qu'on leur donne, à eux aussi, les moyens de sortir de la figuration bête dans laquelle ils sont cantonnés depuis trois siècles et vingt ans.

(*) Écrivain et metteur en scène guinéo-malien.

SAIDOU BOKOUM (*)

Pos-scipum. Cet article est paru pour la premières à la page « Idées », du Monde dirigée André Fontaine, alors directeur du grand quotidien du soir.

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En voici des symptômes, en vrac : le mimétisme et la servitude volontaires de l’intellectuel organique, par suite, la démission des clercs nègres.

Le devoir de violence est un OLNI, Objet Littéraire Non Identifié.

Ce roman, tel un flamboyant électron libre, se détachait du ronron, du castrat linéaire NOUS/VOUS, gluante tunique de Nessus alias Narcisse, vêture de la mosaïque de l’Hexione, de la « Francia occidentalis », en mode soft, la França-Afrique francilienne,

  • Non, je ne suis pas un enfant de chœur ! Je connais par cœur les mille et une positions du Kama sutra, dit l’iconoclaste jeune Dogon !

Raymond Spartacus n’est pas Kirk Douglas. Il est de l’aristocratie de la dynastie des Saïfs qui régna au royaume du Bornou KANEM, anagramme de NAKEM (in Devoir de violence).

Kanem-Bornou, terreau de Boko Haram, sauvageon surgi sur les reins du Nigéria depuis la balkanisation de l’Afrique en 1834-1835 à Berlin. Cette sombre histoire est encore trouée par les sanglots d’Okonko, personnage d’un chef-d’œuvre de Chinua Acheb, « Things fall apart », mal traduit par « Le monde s’effondre »..

En 1968, Oulologuem ne pouvait pas « plagier » ou savoir cela !

Donc,

« Il faut réhabiliter le Rimbaud nègre.. » !

Ainsi jactent les trolls, les clones, les clowns, tâcherons des à-valoir de « l’échange pour le marché » (Lucien Goldman), telles les caravelles de « la retape indigène » ces « djantras », prostituées qui écument les macadams des Champs’Ells, de Sunset Boulevard et de Las Vegas.

L’enfant de Sevare depuis les falaises de Deguimbere au pays des Nomos-dieux d’eau, s’était englouti dans le feu central pour cueillir le fruit difficilement accessible, la perle enfouie au fond de la Boîte de Pandore.

Mais la Négraille, l’Intellectuel Organique, trouvent que le sexe de la Mama de l’Humanité est bien triste et nos écri-vains en quête de papouilles, se répandent au Pernambouc, à Cartagena, en Papouasie, à Bogota, Brasilia, Caracas, Cocha Bamba, en compagnie d’Octavio Paz, Varga LLosa, Neruda, last but not the least, se retrouvent tout-contre le raciste argentin, Jorge Luis Borges pour enfin briller de « la couleur de l’écrivain » depuis le Tonneau des Danaïdes..

« Le génie, c’est un peu de talent et beaucoup de travail (Sacha Guitry) ». Le jeune Mbougar Sarr en a qui a bien joué avec les poupées russes (sic), en disséminant savamment son super-narrateur. Virtuose du ndop, il a su danser avec son rab, assisté d’une invisible statuette vaudhoun, distribuant, en veux-tu, en voilà, des fléchettes empoisonnées aux serviles scribes de la Doxa franchouillarde.

Ainsi, subtilement, tel un magicien joueur de bonneteau, il réussit à neutraliser les détracteurs qu’il s’était inventés, pour finir zen, dans son village natal, loin du pays dogon, à l’ombre tutélaire d’un baobab plutôt « sérigne » ou lamp Fall (1), alors que le jeune prodige Dogon serait redevable de la sagesse d’un Hogon, grand initié des falaises de Bandiagara (2). D’ailleurs Ouologuem, sans renier les Nomos, dieux d’eau, prit le Wird de la Tidjania et fit des dons de livres et de fournitures scolaires aux jeunes Maliens de son pays où en effet, commence l’Universel.

Notes : (1) Allusion au grand saint fondateur du mouridisme et à son compagnon Cheick Ibra Fall dont se réclament les célèbres Baï Fall. (Je n’ai pas dit que Mbougar Sarr ait fait son « djeubeul » à cette voie soufie ou à une autre, c’est au lecteur de donner une couleur à l’écriture, en principe..

              2) El Hajj Omar, mon arrière-arrière grand père « avait disparu dans des conditions mystérieuses » (dit mon maître colon) au sommet des falaises bien décrites par Michel Leiris et surtout par Marcel Griaule, El Hajj Omar Al Foutyou, fondateur du grand royaume toucouleur, invaincu par le colonialisme des Faidherbe et Archinard. La « prise » de Ségou est annoncée dans le grand film « Yélen » de Souleymane Cissé par un « Soma », maître chasseur qui prédisait une grande calamité s’abattant sur les Bamanas-maninkas. Mais à quelque chose malheur est bon, cet empire est aujourd’hui un grand brassage culturel, un melting-pot de 300000 km2 qu’envient la CEDEAO et l’Union Africaine. (Baba Maal, Dândè lèniol, Youtube).

Est-ce un hasard si ce vaste territoire est aujourd’hui gouverné par des quidams casqués, bottés, applaudis par « leurs » peuples qui accusent les clercs-élites pour leur veulerie, leur trahison ? N’est-pas, l’Histoire se fiche pas mal que l’on se ronge les ongles (Arthur Koestler, cité par le satyrique Lynx).)

.NB De quoi je me mêle, me demanderont thuriféraires et tamtameurs de Goncourt ?

Voici, c’est Mbougar Sarr qui m’avait demandé « in box », de bien vouloir échanger avec lui, si j’avais l’occasion de venir à Paris un mois de juin, quand il se trouverait « en résidence à la Fondation Sc. Po. Ainsi je me suis retrouvé dans un Salon genre Café-théâtre au Chatelet. Après un riche échange avec un cercle d’amis et de critiques dont Réassi (Gangueous) et Gauz que je connais, je me suis présenté à lui et il a eu ces mots « merci cher aîné d’être venu ». Ensuite j’ai eu droit à une photo de famille "instruite" par le turbulent Gauz, sans Mbougar Sarr qui s’était éclipsé, happé, peut-être à son corps défendant, par la tornade « Hollywood lave plus blanc !».

Lire aussi en première partie : https://www.nrgui.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=10134:ouologuem-ou-le-syndrome-de&catid=46&Itemid=435

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« En ce jour inaugural, jour anniversaire du grand NON hygiénique devenu historique, je vous demande en ce jour glorieux, le plus grand crachat sur cette tourbe, cette saumure suppurée de la haute trahison ! Honte à ces damnés qui rampent la gueule ouverte sous les génitoires du Siècle ! Car dès l’aube, un cargo chargera de nouveaux avatars, d’autres larves avortées des sept glorieuses qui subiront le sort de cet infâme Quouandié, cette charogne qui a dû être boudée par les vautours eux-mêmes ! »

A ce nom, la rage de Kanaan devient insupportable. Il presse à le broyer son petit caillou. Pourtant, il sent comme une vague de tristesse et de nostalgie qui l’aident à prendre sa colère en patience, en l’éclairant d’une brillante lucidité. 

« Un acte t’appelle… », se dit-il encore.

Ainsi donc, le Guide Suprême est ce pantin monstrueux, tout rutilant de joyaux burinés dans le sang des Nomos ; voici donc le tortionnaire qui du Pays de la Grande Eau, fomente la mort lente là-bas, derrière la muraille flamboyante. Ce peuplement d’autres Nomos à la mémoire en exil, ainsi cherchaient vainement à survivre de l’engloutissement par la fabrication d’une mythologie des Origines, oublieuse de l’origine de leur damnation. Voici la racine de la dessiccation de toutes choses là-bas, qui s’ancre ici dans le brouhaha et la tyrannie pantelante d’un monstre gorgé de sang, leur sang.

« Un acte t’appelle »

« Voici l’œuvre pour laquelle Nous avons renoncé à tout. Oui, pour elle, nous avons dédaigné l’agitation vaine dans des monstres de béton, la frénésie et le tourbillon des échangeurs automatiques, les turbines abrutissantes et la falsification en chaîne, l’accumulation primitive et sauvage de montagnes de gadgets d’acier ; nous avons refusé le massacre de nos campagnes pour d’illusoires satisfactions des boyaux dont nous avons glorieusement repoussé la tyrannie ; nous avons renoncé à la course à trappe de l’abondance du bonheur en greffes de sauvageons..

« Et voici maintenant, réalisé, ce rêve inscrit dans cet appel glorieux d’un de nos ancêtres immortels,

« Si tous les fils de l’Empire balkanisé

Par leurs mains assemblées

Venaient à boucher les trous de la jarre percée

Le Royaume serait sauvé »

NB : reproduction interdite, droits réservés.

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4ème Clairière

La reproduction gémellaire du Triangle de l’Androgyne

Comment ?

Connaisseur connaît !

Les Anciens décident la résurrection du Hogon enlevé par les vautours. Ainsi, les Maîtres de la langue secrète transmise par la science Al Kémia, choisissent Kamina et Kam, les jumeaux de la nichée des Koumen. Kam et Kamina, les jeunes jumeaux d’Ogotemmêli et Koumba de Bandang-du-Haut, sont les heureux élus. Le petit Kanaan, enfant tombé des cieux des dieux d’eau, deviendra le sommet de ce Triangle de l’Androgyne qui sera fabriqué par Boiro.

Comment ?

Secret ! Secret !

Donc, depuis l’enlèvement du Hogon par les vautours, le ciel de Bandankoro n’est plus tout à fait le même. Il s’est obscurci d’un voile léger,

wone kono mbadha

kono mbattata

Non pas certes que la pureté cristalline de la canicule irradiant dès l’aube soit tachée d’un quelconque nuage pour insinuer quelque velléité de pluie.

Mais, derrière le murmure grésillant, persistance nostalgique de la grande musique des Origines devenue imperceptible aux Nomos, s’est glissée en contrepoint, y creusant un effet de comma, une rumeur opiniâtre et indéfinie, qui d’ailleurs se confond avec le bourdonnement des mouches qui agacinent les Nomos depuis la grande pétrification de la mémoire.

Donc, un nouveau spectre plane sur les cagnas incrustées sur les versants inférieurs du Mont Chacal. C’est une espèce de fièvre qui exacerbe l’étuve de cette parcelle du bout du monde. Naturellement, le Hogon et sa mésaventure sont au cœur de cette ébullition ; des murmures terrifiés passent de bouche à oreille, traînant sur les trognes livides des Nomos, une épouvante faite de vénération muette. Les Anciens s’étaient retrouvés plusieurs fois en Conseil, et l’on parle d’une nouvelle assemblée où tous les Nomos sont conviés.

L’on murmure aussi avec gravité, le bonheur qui frappe à la porte de l’une des niches de Bandang-du-Haut, où habitent Kam, Ogotemmêli son père, Koumba sa mère, et Kamina sa sœur jumelle. Mais la famille élue par le muntu du Hogon - et donc par Le Nomo 7e Lui-même, n’est pas tout à fait heureuse de ce bonheur venant d’outre-tombe. Surtout que chaque couvée de Nomos a déjà en charge l’esprit de ses propres lares. Et l’on ne nourrit pas les dieux avec des hannetons, des tiques ou des asticots. Le défunt Hogon, en élisant la niche d’Ogotemmêli, a de ce fait élu Kam et Kamina, « ces braves enfants nomos », comme on les appelle à Bandankoro, qui font l’admiration de tous, tant ils mettent de la force, du courage, de l’acharnement et de l’ingéniosité à trouver la pâtée ordinaire pour toute la nichée.

Ogotemmêli et Koumba ne sortent de leur alvéole que lorsque Kam et Kamina les portent à bout de bras pour les exposer au soleil. Et voilà Kam et Kamina devant charger sur leurs frêles épaules, toute la majesté du Hogon levé par les vautours. On sait déjà que Kamina est la dernière vierge promise au Nomo 7e. Mais Kam, depuis la randonnée des jeunes au Mont Chacal, ne s’étonne plus de voir l’attroupement de Nomos - qui tiennent d’une façon ou d’une autre sur leurs moignons - au bas de leur niche et qui lui lancent des regards pleins d’envie et d’admiration respectueuse, regards qui toutefois, laissent pointer comme une ombre de malheur. Ou alors tout le monde ne sait pas tout encore. Les profanes qui triturent la parole des Anciens, n’en saisissent souvent que la gangue jetée en pâture aux non-initiés.

Ils ne manquent aucune occasion de voir les élus.

Ils sont toujours là, ramassis de chairs bouffies, à regarder Kam et Kamina sortir tous les matins leurs parents grabataires, pour leur bain de soleil quotidien. Les élus et leurs parents feignent de ne plus faire attention à ces visiteurs. Ogotemmêli, scrutant les visages qu’il ne peut pas voir, fait mine de chercher quelqu’un.

- Kaminou, je n’ai pas vu le petit Calao ce matin.

C’est ainsi qu’il appelle le petit Kanaan qui vient souvent aider Kam et Kamina à sortir Ogotemmêli et Koumba, puis tous les trois s’en vont à la chasse. Kanaan est l’un des rares Nomos avec qui Ogotemmêli échange des propos suivis, qui prennent souvent le tour de longues discussions. A Ces rencontres qui commencent toujours par,

ko mbaloudha niamoudè ?

kirimbon !

Ko nialludha niamoudè ?

Kirimbo !

 

O toi hyène,

après la dernière chienne,

qu’as-tu mangé ?

allant belle erre,

 

les restes de ta mère,

trifouillés de sous terre ! 

en as-tu laissé aux vautours,

rien aux fourmis magnans ?

Le petit Kanaan ne se contente pas de boire les évocations de noms de choses et d’êtres ou même les merveilles du Pays de la Grande Eau, dont il a fini par connaître le moindre empan. Sceptique, il n’hésite pas à demander au vieillard qui est aveugle, de lui comparer telle chose de ce pays des merveilles, à telle autre de Bandankoro, pourquoi Ogotemmêli lui parle de choses qu’il n’a pas pu voir. Ogotemmêli qui a depuis longtemps déserté les Conseils des Anciens, non pas qu’il soit plus cadavéré que ses pairs, ni même à cause de sa cécité, mais comme il le dit un jour à Kanaan, parce que « le corps pourri ne délivre que des paroles pourries ».

- Kaminou, pourquoi le petit Calao ne m’a pas visité ce matin ? lance Ogotemmêli.

- S’il ne vient pas ce matin, il viendra demain, dit la vieille Koumba, qui a l’air plus solide que son mari.

Koumba ne reste étendue auprès d’Ogotemmêli que quelques instants, juste le temps de se sentir encore vivante, et par on ne sait quel miracle, quelle force, peut-être celle de la nostalgie dont elle perçoit l’appel nacré à travers les cannelures de sa conque VihnuVénus qu’elle plaque à son oreille. Légère comme une glycine, elle se lève alors et glane dans les fondrières desséchées qu’elle pèle, bêchant avec ses doigts hersés dans les petits mamelons calcaires ensevelis sous la latérite. Elle fait ainsi des tours et des va-et-vient interminables, suivant la ligne imaginaire de la tapade d’épineux, de ronces et de pourguères qui jadis, il y a longtemps, vraiment longtemps, protégeait, elle le raconte seulement, le petit potager de calebassiers, de courges, de gombos baignés dans la frondaison d’un jujubier et d’autres arbres fruitiers. Mais il n’y a plus trace de ce fourmillement juteux à ce point vernal qu’elle entend, l’oreille collée à sa conque. 

Quels mauvais vents ont donc soufflé sur cette maudite terre de Bandankoro ? En vérité, les raquettes rebelles de sisal balisant les mirages flamboyants des sahels désolés de certaines parcelles du monde seraient un paradis verdoyant, à côté de ce royaume du Chacal.

Koumba marmonne des airs nostalgiques comme aux temps joyeux des travaux solidaires, ces cumbites de moissons qui agitaient tout Bandankoro, du moins, c’est ce dont on se berce à présent, lors des veillées au clair de lune, en compagnie des mouches.

- Koumba, tu as trouvé un mulot ou peut-être même, voyons, un agouti, un ratoto, c’est cela, un ratoto, boff, un pou de bois, raille Ogotemmêli. Mais Koumba répond sans ironie : « Je ne peux pas trouver de pou de bois quand il n’y a pas de bois. »

- Dans ce cas qu’as-tu à chanter des airs de cumbite !

- C’est parce que je chante des airs de cumbite que les enfants ramènent toujours quelque chose.

- Les enfants n’ont pas besoin de tes chansons tristes ! Viens donc me masser les côtes.

Koumba rit alors à gorge déployée, ce qui déclenche une toux hectique dont les quintes déjettent sa petite silhouette qui finit par vaciller comme une feuille morte.

Una folia seca du roi Pelé qui trône sur le sommet éponyme du volcan où des dieux se font une guerre, sans une goutte de sang..

« Qu’est-ce que je raconte là, se murmure Koumba.. » De quelle Parcelle du Monde lui viennent ces délires silencieux ? Elle s’étend doucement aux côtés de son mari, la conque de VishnuVénus collée à l’oreille. Ils n’échangeront plus aucun mot jusqu’au retour des enfants, à la tombée de la nuit ou au petit matin.

(…)

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New-York : Un migrant guinéen tué à Brooklyn…

 

NEW-YORK-Un jeune migrant guinéen a été tué mercredi 28 février 2024 dans la soirée dans l’Etat de New-York, aux États-Unis d’Amérique.

 

Nouvellement arrivé à New-York en passant par le Nicaragua, Lamine Bah, 33 ans, a été abattu dans une rue de Brooklyn, a appris Africaguinee.com.

Il a reçu une balle dans la tête devant les appartements Ebbets Field sur McKeever Place, près de Sullivan Place, peu avant 18 heures à Crown Heights, rapporte le New York Post, citant des sources policières.

 

La victime a été transportée d’urgence à l’hôpital du comté de Kings, mais elle n’a pas pu être sauvée. La police qui a ouvert une enquête recherchait  deux hommes qui ont quitté les lieux du crime.

Nous y reviendrons !

Africaguinee.com

Créé le 29 février 2024 07:33