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Google va renoncer à analyser les contenus des e-mails de ses utilisateurs pour afficher des publicités ciblées. Vendredi 23 juin, le géant du Web a annoncé qu’il allait abandonner, au cours des prochains mois, cette pratique très controversée. D’après le texte publié par Google sur l’un de ses blogs officiels, les utilisateurs de Gmail en version gratuite auront prochainement la possibilité de « désactiver les publicités personnalisées » dans les paramètres de leur boite mail.

Cela ne signifie pas pour autant que les publicités vont disparaître de Gmail, son service de courriers électroniques utilisé par 1,2 milliard de personnes dans le monde. Mais simplement que leur ciblage s’effectuera grâce aux données personnelles récoltées sur d’autres services maison, comme son moteur de recherche et YouTube. 

MARCHE ARRIÈRE PARTIELLE

En 2014, à l’occasion d’une mise à jour de ses conditions d’utilisation, la société américaine avait officiellement reconnu qu’elle scannait l’ensemble des messages envoyés et reçus sur la version gratuite et grand public de Gmail. Google avançait alors plusieurs objectifs, comme la lutte contre les courriers indésirables et les tentatives de fraude, ou encore la personnalisation de ses services. Cela lui permet également de trouver des mots clés dans le contenu des e-mails, puis d’afficher des annonces publicitaires plus pertinentes.

Il est important de noter que la société ne fait marche arrière que sur le terrain publicitaire. Ses algorithmes informatiques continueront en effet à analyser les e-mails, notamment pour alimenter ses applications mobiles en informations personnalisées. Celles-ci peuvent alors indiquer lorqu’un vol est retardé ou rappeler une réservation au restaurant. En outre, Google a récemment lancé une option qui suggère automatiquement trois courtes réponses après avoir scanné un courrier reçu.

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NOMBREUSES CRITIQUES

Cette pratique, qui aurait été mise en place plusieurs années auparavant, avait été au centre de plusieurs poursuites judiciaires aux États-Unis. Mais aucune n’avait abouti sur un procès. Elle valait aussi à Google de nombreuses critiques de la part des associations de défense des libertés civiles. Et elle était aussi utilisée par ses rivaux, notamment par Microsoft qui cherchait à promouvoir sa messagerie Outlook. Cela n’a cependant pas empêché Gmail de rester la boite mail la plus populaire avec plus d’un milliard d’utilisateurs.

D’ailleurs, la décision du groupe de Mountain View ne cherche pas à satisfaire les internautes. Elle est avant tout destinée aux entreprises. Pour preuve, l’annonce n’a pas été faite par les équipes de Gmail, mais par Diane Greene, vice-présidente en charge des activités dans le cloud computing. « C’est un signe de l’importance prise par les services pour les entreprises chez Google, malgré leur faible contribution financière », souligne Jan Dawson, analyste chez Jackdaw Research.

CHANGEMENT DE PRIORITÉ

Si aucune publicité n’était affichée pour les clients professionnels – qui paient pour utiliser Gmail et d’autres services Web -, la présence d’annonces sur la version grand public était source de confusion, explique Mme Greene. « Nous allons lever toutes les ambiguïtés », espère la responsable. Pour rassurer les entreprises, Google est donc prêt à sacrifier une partie des recettes publicitaires générées par Gmail . « Cela en dit beaucoup sur le changement de priorités », estime M. Dawson.

Si la publicité en ligne représente encore plus de 85% de son chiffre d’affaires, le groupe cherche de nouveaux relais de croissance. Et il se tourne de plus en plus vers le marché des entreprises, commercialisant plusieurs gammes de services dans le cloud, des logiciels aux infrastructures. Fin 2015, Google a recruté Mme Greene pour rattraper son retard, lui accordant d’importantes prérogatives. Au premier trimestre, ces activités ont réalisé 3,1 milliards de dollars de recettes. En hausse de 49%.

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Photo: Robert Scoble

Béatrice Damiba, ex-ministre burkinabée, dénonce le système des « câblos », privant tout le secteur de la production de revenus et d’investissements.

Un immeuble d’Addis-Abeba, en Ethiopie, en octobre 2016.   
Un immeuble d’Addis-Abeba, en Ethiopie, en octobre 2016.         Crédits : Tiksa Negeri / REUTERS    

Dans des villes comme Abidjan, on évalue à 46 % les foyers accédant à la télévision via un réseau informel de distribution. Même si elles représentent un coût d’opportunité intéressant au premier abord pour les téléspectateurs, ces méthodes de piratage entraînent sur le continent une perte estimée à 120 milliards de francs CFA (183 millions d’euros) par an pour le secteur audiovisuel et entravent un développement pérenne de la production africaine.

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Plusieurs formes de piratage sévissent dans les pays africains. Très ancrées dans les habitudes des ménages, elles émergent sous différentes formes selon les usages. Prenons l’exemple du système des « câblodistributeurs » qui s’est imposé au Sénégal, en Guinée, en Côte d’Ivoire ou au Cameroun. Communément appelés « réseaux araignées » ou « câblos », ils s’enrichissent au détriment des réalisateurs et professionnels locaux du cinéma.

Tentaculaire et invisible

Leur fonctionnement est simple et ingénieux : il s’agit d’un système de redistribution de chaînes via des réseaux de câbles reliés directement depuis la base du câblodistributeur jusqu’à la télévision du foyer. Nul besoin de parabole ni de décodeur. Ce câblodistributeur récupère des décodeurs pirates ou bien utilise des abonnements individuels pour en redistribuer les chaînes, via son réseau, à moindre prix.

Pis : sur certains marchés, des opérateurs considérés comme tout à fait formels, parfois des chaînes locales, utilisent cette technique pour diffuser certains programmes, souvent des films récents ou du sport, sans payer de droits de diffusion.

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Le piratage technologique n’est pas en reste. Il est encore plus destructeur de valeur puisqu’il est à la fois tentaculaire et invisible : décodeurs pirates, captation du signal grâce à une parabole, streaming illégal… Autant de méthodes qui demandent beaucoup plus de ressources pour être combattues. Les techniques de piratage sont nombreuses, les raisons parfois légitimes, l’opportunité financière difficilement contestable, mais les dommages collatéraux sont dévastateurs pour l’ensemble d’un secteur et donc d’une économie.

Gratuité apparente

Quel que soit leur nom d’usage, ces câblodistributeurs s’accaparent de façon souterraine le paiement de plus de trois millions de foyers. S’il ne fallait retenir qu’un seul chiffre : 120 milliards de francs CFA qui ne sont pas réinvestis dans le secteur audiovisuel, ni dans la production, ni dans la technologie. Ces milliards s’envolent chaque année et ne s’ancrent dans aucune dépense utile au secteur : pas d’emploi, pas de contribution à l’économie, pas de production, pas de professionnalisation.

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Cette gratuité apparente est un fléau réel. L’association Convergence ne cesse de le répéter. A l’occasion du premier Marché du film d’Afrique centrale qui se tient du 15 au 23 juillet pendant le festival Ecrans noirs à Yaoundé, il faut rappeler que le piratage de la télévision payante risque de déprimer la croissance du secteur en plus de décourager l’investissement et la pénétration du marché par des éditeurs internationaux. Certains d’entre eux, comme France TV, Turner, Canal+ International ou encore BeIN Sports, ont déjà exprimé leur mécontentement à travers des communiqués de presse à l’encontre d’opérateurs ou de « câblos » piratant leurs chaînes.

Dans un contexte économique et sociétal où chaque investissement compte, car il contribue à structurer et à valoriser l’écosystème audiovisuel et cinématographique africain, je suis persuadée qu’il est nécessaire de résister à ce faux calcul qu’est le piratage.

Béatrice Damiba, ancienne journaliste, diplomate et ministre de l’information au Burkina Faso, est présidente de l’association Convergence qui lutte contre le piratage en Afrique. Elle prend la plume à l’occasion de la 21e édition du festival Ecrans noirs qui se tient du 15 au 23 juillet au Cameroun.

Un sommet organisé à l’ONU Genève s’intéresse au potentiel des algorithmes pour agir sur la pauvreté, la faim et l’éducation.
Image satellite du sud du Malawi, l’un des pays les plus pauvres du monde.

Pour lutter contre la pauvreté, il faut d’abord la mesurer. Depuis des années, en Afrique, les études se font sur la base de photos satellites de nuit, qui déterminent le taux d’éclairage, et donc de pauvreté. Or cette méthode est incomplète. Elle ne fait pas apparaître, par exemple de vastes zones construites où personne n’a d’électricité. Il faut, évidemment, comparer les photos de jour et de nuit, mais c’est un travail de fourmi. D’où l’idée de recourir à l’intelligence artificielle (IA) pour superposer les deux images et extraire le vrai taux d’électrification.

Un exemple parmi d’autres de la nécessité des algorithmes pour le développement des pays les plus pauvres. « Les pays en développement peuvent être les grands vainqueurs du développement de l’intelligence artificielle, mais, si nous ne sommes pas vigilants, ils peuvent aussi en être les grands perdants. » Cité par un article publié sur le site de la revue scientifique Nature, Chaesub Lee, directeur du Telecommunication Standardization Bureau, rattaché à l’Union internationale des télécommunications (UIT), s’interroge sur la possibilité, pour les pays les moins riches de la planète, de profiter des dernières technologies.Lire aussi :   Comment le « deep learning » révolutionne l'intelligence artificielleC’est justement l’UIT, à Genève, qui accueille, du 7 au 9 juin, le sommet mondial dédié à « l’intelligence artificielle au service du bien social ». Une multitude d’agences des Nations unies y côtoient des experts en IA, mais également des industriels ou des décideurs politiques.Parmi les Africains représentés, on trouve l’Egyptien Sherif Elsayed-Ali, qui dirige la branche technologie et droits de l’homme d’Amnesty International, Nic Bidwell, professeure à l’Université de Namibie et spécialiste des technologies de l’information ou Drudeisha Madhub, régulatrice de la protection des données de la République de Maurice.

En ligne de mire : la pauvreté, la faim, l’éducation

Objectif de ces rencontres : « apporter une réponse aux plus grands problèmes planétaires », tels que la pauvreté, la faim ou l’éducation grâce à l’IA. L’article paru dans Nature recense quelques initiatives en la matière. L’une d’elles provient de l’Unicef, qui a décidé d’investir dans le « deep learning » pour tenter de diagnostiquer l’éventuelle malnutrition des enfants à partir de photos ou de vidéos, alors que les mesures, jusqu’à maintenant, se basaient sur la circonférence de leurs bras et souffraient d’imprécisions.Les chercheurs travaillant à la création d’algorithmes destinés à définir précisément le niveau de richesse de chaque village en combinant les images satellite prises de nuit et de jour sont à l’université de Stanford, en Californie. Le Nigeria, la Tanzanie, l’Ouganda, le Malawi et le Rwanda ont été l’objet d’une première étude pilote de ce système a priori bien plus efficace que les méthodes antérieures.Lire aussi :   Algorithmes et robots : l’apocalypse du travail n’aura pas lieuCe sommet de Genève, co-organisé par l’UIT et par la fondation XPRIZE, se donne pour feuille de route les Objectifs de développement durable fixés par les Nations unies, en tête desquels figure « l’éradication de la pauvreté », via notamment des « emplois durables » d’ici à 2030. L’article de Nature mentionne toutefois une étude menée par l’entreprise Citi en 2016, dont les conclusions indiquent que le développement de l’intelligence artificielle et de la robotique pourrait avoir un impact négatif sur le marché du travail. A l’IA de prouver le contraire.
Antoine Le Goff
Le Monde