La Suisse va juger le milliardaire franco-israélien pour corruption dans des transactions minières en Guinée.

Beny Steinmetz, lors de sa comparution devant la cour de justice de Rishon (Israël), en 2017.
Beny Steinmetz, lors de sa comparution devant la cour de justice de Rishon (Israël), en 2017. JACK GUEZ / AFP
Après six ans d’instruction et plusieurs dizaines de commissions rogatoires en Israël et aux Etats-Unis, la justice suisse a annoncé, lundi 12 août, le dépôt d’un acte d’accusation et officialisé sa décision de renvoyer l’homme d’affaires franco-israélien Beny Steinmetz devant le tribunal correctionnel de Genève. Pour la première fois de son histoire, la Suisse s’apprête à juger un responsable présumé d’un réseau de corruption internationale. Dans cette affaire, qui défraie la chronique judiciaire de Genève à New York ou Tel-Aviv depuis 2010, M. Steinmetz est soupçonné d’avoir voulu mettre la main sur la plus grosse réserve mondiale de minerai de fer, en Guinée. Poursuivi en Suisse pour « corruption » et « usages de faux », il risque entre deux ans et dix ans de prison.

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Ce sexagénaire au regard bleu acier est né en Israël en 1956. Son père, Rubin, tailleur de diamants, s’était installé vingt ans plus tôt en Palestine, où il fut l’un des pionniers de l’industrie des gemmes. Héritier de l’entreprise, Beny Steinmetz a fait fructifier l’affaire, de Madagascar à la Sierra Leone en passant par la Namibie, l’Angola, le Botswana, la République démocratique du Congo. Autant de terrains de chasse aux affaires, autant d’Etats où la mauvaise gouvernance autorise bien des coups. Outre les mines, le groupe est présent dans l’immobilier, la finance, le pétrole, le gaz... Un empire organisé autour d’une fondation familiale au Liechtenstein et une ramification de sociétés souvent estampillées « Steinmetz », mais dans l’organigramme desquelles il n’apparaît généralement que comme « conseiller ».

Le sous-sol guinéen regorge de minerai de fer, dont les réserves se mesureraient en milliards de tonnes

Le cœur du scandale a pour nom Simandou, une montagne recouverte d’une forêt dense située aux confins de la Guinée. Son sous-sol regorge de minerai de fer, dont les réserves se mesureraient en milliards de tonnes. Ces dernières années, ce trésor a nourri bien des fantasmes. Des rêves de richesse qui n’ont toujours pas été exaucés à ce jour, le gisement demeurant inexploité...

En 1997, le gouvernement guinéen accorde des permis de recherche à Rio Tinto, l’un des leaders mondiaux dans les mines, qui voit dans l’Afrique un nouvel eldorado. En 2007, toutefois, le gouvernement guinéen lui retire brusquement une partie de ses concessions, officiellement à cause de « progrès insuffisants » sur le site.

Le Monde

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