Etait-ce un enlèvement ou une tentative d’évasion ? Jusqu’à l’heure où nous tracions ces lignes, l’affaire n’était pas tranchée.
En rappel, samedi aux environs de 5 heures, un commando dont on dit lourdement armé envahissait avec des tirs nourris le quartier Kaloum, centre administratif de la capitale Conakry, avant de finalement investir la prison centrale pour faire évader des détenus impliqués dans l’affaire dite du 28-septembre, dont le plus célèbre reste le capitaine Moussa Dadis Camara. Ont pris le large avec lui, le colonel Moussa Tiegboro Camara, le colonel Blaise Gomou et le colonel Claude Pivi. Comme par hasard, tous étaient du cercle restreint du capitaine Dadis quand ce dernier était aux affaires.
Mais pour la plupart des fugitifs, la cavale s’est avérée très brève. Ils ont été ramenés en prison. Seul manque à l’appel, le colonel Pivi, qui mérite quelque part son sobriquet de Coplan et dont on dit du reste que c’est le fils militaire, qui aurait été à la manoeuvre. On comprendrait donc pourquoi le père reste introuvable.
Qu’il se soit agi d’un rapt ou d’une évasion spectaculaire, on se demande bien comment cela a pu être possible dans une zone rouge réputée la plus protégée du pays. Y a-t-il eu des complicités au sein de la prison, ou des complicités externes au sein de l’armée ? La question mérite d’être posée surtout que cette prison n’héberge pas que des pensionnaires tartempion, mais abrite des « célébrités », notamment ceux ayant été cités et tous entendus depuis presque un an dans la répression du 28 septembre 2009 qui a débouché sur un carnage avec 157 personnes tuées, des centaines de blessés et des viols. Le principal accusé restant celui qu’on surnommait le « Pompier » puisqu’il s’occupait du carburant de l’armée, avant d’entrer par effraction au palais de Sékhoutouréya. Lui-même sera victime d’une tentative d’assassinat perpétrée par Toumba Diakité, alors son aide de camp et chef de la garde présidentielle. Suivra pour l’infortuné Dadis, une évacuation sanitaire au Maroc, ensuite un long exil au Burkina Faso, puis le retour au pays pour faire face à son destin.
Tout le long du procès, il a toujours systématiquement nié d’avoir donné un quelconque ordre à la répression de la manifestation, contrairement à ce que soutiennent quelques-uns de ses coaccusés. Voilà que… Avec ce qui vient d’arriver en effet, quelle que soit l’hypothèse retenue, ça ne joue pas en sa faveur. Et puis, ses conditions de détention vont se durcir. C’est le minimum. Ensuite, qu’on ait voulu les enlever ou qu’ils aient voulu se faire la belle, ça peut s’apparenter à un certain aveu de culpabilité. C’est comme si les ravisseurs et les évadés étaient convaincus qu’ils ne vont pas s’en sortir, tant ils s’empêtraient dans leurs propres contradictions. Surtout que l’affaire survient juste après que le tribunal a fini d’entendre la centaine de témoins de la partie civile et il ne restait donc plus que la plaidoirie des avocats et les réquisitoires.
C’est un rebondissement hors prétoire qui tombe donc mal. Pitoyable tournage d’un Prison Break de bas étage avec comme acteur principal un Michael Scofield de pacotille incarné par Dadis Camara.
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source palaga