Boualem Sansal, sans doute le plus grand écrivain algérien, l'auteur du Village allemand , du Serment barbare et du dernier train d'Erlingen, vient de se voir décerner le monumental Prix Constantinople.

La vocation de ce nouveau prix littéraire ? Saluons, pour l'ensemble de son œuvre, un auteur qui a œuvré à jeter un pont entre les cultures et les civilisations. Les membres du jury ont choisi de décerner le prix de Constantinople non pas à une, mais à deux personnalités dont les oeuvres, littéraires pour l'une, journalistiques pour l'autre, ont des répercussions sur toute la planète : l'Algérien Boualem Sansal et la Française Delphine Minoui.

Boualem Sansal est évidemment connu pour son immense talent mais aussi pour son franc-parler et son irrévérence face à tous les pouvoirs. Ce prix vient compléter la réputation d'un écrivain, libre dans sa tête et libre dans ses mots, qui a été traduit dans de nombreuses langues et qui vit toujours en Algérie malgré les sollicitations des pays européens qui déroulent le tapis rouge pour lui.

« Je suis heureux et fier de ce prix décerné par de grands écrivains. Tout est prestigieux dans ce prix, par son objet, le rapprochement des deux rives, par son jury, par le lieu de la cérémonie, le Ritz, et la dotation… », a déclaré en substance Boualem Sansal avec beaucoup d'émotion dans la voix.

Inutile de dire que Boualem Sansal, qui a écrit une bonne vingtaine de livres, romans et essais, est un écrivain engagé qui défend bec et ongles sa conception universaliste des droits de l'homme. Totale liberté d'expression et plume acérée, Boualem Sansal manie avec dextérité les critiques envers le pouvoir algérien. L'injustice sociale et l'islam politique sont aussi des sujets sur lesquels il excelle.

L'islamisme qui empoisonne les sociétés maghrébines est aussi un virus toxique pour les sociétés occidentales. Boualem Sansal, qui est un guetteur et un lanceur d'alerte exceptionnel, ne cesse d'attirer notre attention.

Kamel Bencheikh