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Cessez de terroriser nos enfants, ils ont un examen à passer !

C’est quoi ce système où c’est l’enseignant qui forme mais le ministre qui évalue ?

Vous avez bien dit « Mérite » ? Eh bien, bravo !

Mais me semble que l’État vous emploie et vous rémunère pour gérer le système afin qu’il forme nos enfants et les prépare à réussir leur apprentissage et leur vie tout simplement. Maintenant, ils ont un examen à passer, pas seulement des épreuves « à affronter » comme l’écrivent nos journaleux et autres apprentis sorciers haut-parleurs. Je ne vous apprends rien en écrivant ici qu’il s’agit d’évaluations certificatives qui sanctionnent aussi bien le niveau d’acquisition des savoirs et compétences de vos élèves, et le processus d’enseignement-apprentissage que vous avez mis en place, de même que la politique éducative nationale que vous êtes chargé de mettre en œuvre dans sa partie enseignement général.

Devant les objectifs des caméras et les micros des médias, votre mine serrée et le ton sec de votre parole font peur aux candidats au lieu de les encourager, alors que cela ne vous coûterait absolument rien de parler normalement comme de bons parents, des éducateurs exemplaires ou simplement comme des humains à défaut d’être des dirigeants charismatiques.

Votre initiative de transformer les salles d’examens en zone de haute sécurité peut paraître légitime. Mais je me demande toujours pourquoi continuer à ne penser qu’à stopper la triche et à ne communiquer que sur cet aspect de votre brillante organisation lorsque les dates des examens nationaux approchent ? Quelle part de respect accordez-vous à vos élèves et comment pensez-vous qu’ils vont cultiver leur estime d’eux-mêmes, l’amour du travail et de la nation ?

Ah ! Si vous étiez véridique et sincère, vous auriez révélé ce que font les gouverneurs et les préfets chacun dans sa zone pour avoir le meilleur taux de réussite possible et, par conséquent, mériter davantage la confiance de je ne sais qui. Avez-vous une seule fois entendu vos délégués dire que dans le pays profond qu’on les loge dans des hôtels avec tous les ‘’honneurs’’ et qu’ils font tellement la fête qu’il leur devient parfois impossible de se rendre au centre d’examen, tellement leur nuit a été auréolée d’étoiles filantes ?

Suite aux échecs massifs enregistrés l’an passé, je vous ai entendu reconnaître face à la presse que le personnel enseignant avait énormément besoin de formation et de suivi ; que l’accès à la profession devrait désormais donner la priorité aux diplômés en la matière. Qu’en est-il ? Qu’est-ce que vous avez fait dans ce sens et que vous avez peut-être oublié de nous présenter ? Quel budget a été dépensé dans la formation des formateurs depuis? Quelle stratégie d’encouragement avez-vous mis en place pour inciter les jeunes diplômés actuels et futurs à se diriger vers l’enseignement et à y rester ?

Je comprends, ou plutôt j’essaie de m’efforcer à comprendre, le fait que le chantier soit colossal et qu’il vous faille poser des actes grandeur nature à effets politico-médiatiques incontestables.

Mais n’oubliez pas qu’on ne peut plus, se contenter de faire des leçons de chose sans la chose. Il faut en finir avec ces cours de physique et de chimie uniquement au tableau sans aucune expérience en laboratoire. Des cours de botanique qui ne permettent même pas à l’élève de connaître les noms et les propriétés des plantes du potager de sa mère à plus forte raison celles du jardin de son école. Je me souviens encore du moment où les élèves me demandaient si tel ou tel écrivain vivait encore, car la majorité des auteurs au programme sont soit étrangers, soit d’une autre époque. Ces cours d’Histoire où on enseigne encore que c’est Christophe Colomb qui a découvert l’Amérique, comme s’il n’y avait trouvé personne à son arrivée en ces lieux.

Une refondation de l’État passe aussi par la réforme des programmes scolaires et une définition claire du type de citoyen que nous prétendons former.

En tout état de cause, je ne peux pas m’empêcher de reconnaître en vous l’homme d’honneur qui tient sa parole. Justement, vu que vous avez eu au moins un an pour préparer vos troupes à aller au champs de bétail (pardon) à la bataille, voire à la guerre , en cas de nouvelle vague d’échec, aurez-vous la sagesse et la gentillesse de simplement démissionner ou attendrez-vous, comme tout bon Guinéen, d’être débarqué du navire ?

Ousmane BANGOURA

Animateur Formateur en éducation permanente

Expert en développement et médiation interculturelle

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