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UN BLUFF POLITICO-ADMINISTRATIF

Le tableau socio-économique qu’offre la Guinée est si effroyablement complexe, qu’il défie toute analyse.

Tout a été ressassé à propos de ces vingt ans de pseudo-libéralisme. Un quarteron de putschistes galonnés, avec une horde de prédateurs diplômés (pas plus de deux cents), à qui ils ont passé le relais, ont continuellement fait main basse sur les richesses du pays par une gestion organisée autour de deux ou trois «  concepts » ravageurs.

Ce sont notamment l’ethno-stratégie et le bluff, habilement maniés par une technostructure mise au point par un banc de perroquets (les médias publics entre autres), qui prospèrent en caquetant à la suite du F.M.I., de la Banque mondiale et d’autres institutions prolixes : Cadrage macro-économique, tableau de bord, sécurisation des recettes et autres passes lénifiantes.

L’épaisse brume de supercherie qu’est l’ethno stratégie a recouvert une bonne frange des couches sociales, y compris les plus démunies, qui assure qu’aucune alternative politique n’est plus possible, puisque au sommet de l’édifice politique, nulle composante ethno-régionale ne pourrait recueillir le consensus national nécessaire, au motif précisément qu’elle ne représenterait qu’elle-même, à l’exclusion des autres. Et de triompher :

«  Heureusement qu’il y a un Etat – O miracle ! - qui fonctionne malgré tout, alors pourquoi en changer » !

 

Etrange et commode pétition de principe qui permet tous les tripotages de la constitution, des institutions et des différentes consultations- mascarades. Ne parlons même pas de cet autre anathème infamant qui disqualifie politiquement toute cette Guinée expatriée, la Guinée des Guinéens-étrangers, ces indigènes qui troublent le sommeil de ceux qui pensent que la Guinée est un gâteau qu’il n’est pas bon de partager.
La force et le fonctionnement durable de ces constructions mystificatrices, tiennent dans l’occultation du mensonge qui les sous-tend.

Il est notoire que c’est une poignée de  Guinéens, pas plus de 200, qui sont les architectes de toutes les ruines de notre pays, kaléidoscope certes brouillé, mais représentatif du spectre national de nos régions. Toutes nos ethnies se retrouvent dans ce margouillis où barbotent ces faux frères, experts en détournements de tous ordres, Toucouleurs, Koniaguis, Manons, Peuls, Kissi, Guerzés, Maninka-tan et Maninka-fu.. Il y a même des Sino-Libanais-, des Ukréno-hindous, des Italo-djakankés..et bien d’autres S.D.F. (sans domicile fixe) de la mondialisation devenus riches compradores avec la complicité d’une bureaucratie « nationale » corrompue.

Voici donc le grand Bluff qui permet à une poignée de chauves-souris de se suspendre sur les branches dangereusement alourdies de tous ces fruits qu’ils mordent si rageusement, au risque de toutes les casser. Entre deux bouchées obscènes, ils ont l’outrecuidance de crachoter :

« Tout est bloqué à cause de l’ethno-composition de nos partis politiques ».

Entendez, ceux qui ne sont pas aux affaires, qui s’agitent sous l’arbre de leur bombance, d’où ne tombent que les noyaux et les pelures qu’ils balancent !

Ceux qui ont suivi le baptême du P.U.P. (Parti de l’Unité et du Progrès, mouvance présidentielle) à Mamou, se rappellent que ce dernier était présenté par ses idéologues, comme le seul parti vraiment national.

Vrai et faux !

Vrai parce qu’il y a du tout national et ethnique dans ce qui est devenu un conglomérat politico-administratif.

Faux, parce que ce qui a fini par y triompher et qui est son cœur, ne bat plus dans l’intérêt de toute la nation. Cela fonctionne selon le fameux concept de Gramsci, bien oublié de nos jours de déclin de la réflexion honnête, qu’il appelait le pouvoir hégémonique de l’intellectuel organique. Pouvoir essentiellement culturel, mais éminemment idéologique, et susceptible de toutes les perversions mystificatrices.

Une petite minorité peut ainsi en principe, régner ad vitam ad eternam, jusqu’à ce que l’Histoire un jour, en décide autrement. L’alliance de cette petite bourgeoisie, ( en sa frange opportuniste des grands commis de l’Etat ) avec ces figures bien connues de notre Import-Export aux ordres, ne fonctionne que parce qu’elle manie la manne, le nerf de la guerre, nos finances publique et privées.

Et quand on sait qu’un modeste fonctionnaire ( qu’il soit P.U.P. ou pas ), traîne après lui une vingtaine de pauvres diables souvent analphabètes, on peut juger de la force de persuasion de ces 200 milliardaires, étroitement alliés aux ministres, préfets, sous-préfets, etc.

Les élections ne sont organisées que pour formater ces hold-up de Cols blancs, dans le moule démocratique de la bonne gouvernance, exigée de nos bailleurs de fonds.

Mais aujourd’hui rien ne va plus. Non pas seulement à cause de l’effacement physique de qui l’on sait, dans la conduite des affaires au sommet de l’Etat. En effet les trémolos sur le dialogue actuellement entonnés par les ténors de l’autorité publique, ne sont qu’un des symptômes de ce blocage généralisé de toutes les institutions.

UNE GOUVERNANCE CALAMITEUSE

Blocage découlant d’une gouvernance indécrottablement calamiteuse. En vrac, voici quelques-uns de ses records :

1000 milliards(1) de FG d’endettement du Trésor à l’égard de la B.C.R.G., glissade qui engage l’économie guinéenne dans une zaïrisation irrémédiable.

  • sous-équipement dans tous les secteurs : infrastructures de communications restées quasiment telles quelles depuis l’époque coloniale, voire en deçà. L’axe Conakry-Kankan est retourné à l’état honteux hérité de la première République. Il y aurait peut-être quelques tronçons en Basse-Guinée et en Région forestière encore praticables, îlots bénis qui narguent l‘équité et l’unité nationales,
  • L’exploitation et la gestion de l’eau et de l’électricité, font aujourd’hui la honte de la Guinée sur l’ensemble du Continent. Depuis plus de deux ans, il n’y pratiquement plus d’eau courante, ni d’électricité plus de deux heures de suite dans un même quartier de la capitale.
  • Ainsi, La Guinée (où se trouve le château d’eau de l’Afrique de l’ouest), est réduite à mendier une desserte par le barrage sahélien de Manantali , que nos dirigeants successifs ont sottement boudé lors de sa mise en place.
  • L’hygiène et la politique de la santé publique, sont à l’image du délabrement économique généralisé. Les deux grands centres hospitaliers de la capitale, malgré leurs ravalements successifs, et la présence de médecins compétents dont plusieurs sont des agrégés et la plupart dévoués, sont si mal équipés, qu’ils sont réduits à n’être plus que des cités de transit, des mouroirs. Au mieux, des centres d’évacuation des malades vers Dakar, Bamako ou l’Europe, pour les nantis. Les quelques centres de santé dispersés dans nos campagnes, n’existent et ne fonctionnent qu’avec l’aide de nos partenaires de développement. Pendant que les médicaments acquis au prix fort de nos maigres devises, se retrouvent dans les pharmacies par terre, autre trafic méticuleusement organisé par certains agents de la fonction publique, en collusion avec certaines officines privées,
  • -la sécurité en Guinée se vend sous forme de cassettes vidéo comme des petits pains dans la sous-région. En effet le fameux Procès des gangs, devenu célèbre feuilleton, a presque occulté l’horreur quotidienne dont il ne fut que la superproduction en télé-réalité.

Certes, l’insécurité est un mal qui frappe toutes les métropoles africaines. Mais celle de Guinée est, comme tous les maux qui hantent les Guinéens, unique en son genre. Ces jeunes tueurs sortent de nos cours communes, de nos « entrées-coucher », vont tuer dans d’autres « concessions », ou villas cossues, ramènent leur rapine sanglante dans les mêmes masures, pour le plus grand bien de nos parents, notables et paisibles fidèles de nos mosquées, dont la densité au kilomètre-carré est peut-être la plus forte dans la sous-région.

Notons au passage cette immonde redistribution des biens, dont les ordonnateurs ne sont pas seulement ces jeunes capturés et aussitôt libérés dès lors qu’on a jeté en pâture leurs mines patibulaires à la télévision. On sait leur collusion avec certains «  corps habillés » lors de ces mises en scènes criminelles dans lesquelles ils ne sont souvent que des comparses ! C’est dire que le délabrement moral et spirituel est à la mesure de la misère économique. Cette déliquescence des mœurs, dans la drogue, l’alcool, et la prostitution qui frappe les couches juvéniles n’épargne aucune localité.

Heureusement, si l’on peut dire, que les voies de l’exil sont ouvertes à nos jeunes diplômés, qui s’y ruent par dizaines de promotions, à défaut de pouvoir s’employer dans une administration pléthorique et verrouillée par ceux-là mêmes qui ont confisqué tous les biens publics. Ailleurs où la corruption est aussi répandue, on détourne X pour cent du financement de tel projet, mais le projet finit par voir le jour.

-En Guinée, c’est le projet tout entier qui est détourné. Comme le disait l’inénarrable Sassine, «  en Guinée, c’est tout l’Etat qui est privatisé. Et nos fonctionnaires « privatiseurs » peuvent bâtir des fortunes colossales, tout en narguant la population dans des cylindrées, véritables châteaux qui déversent leur trop- plein de carburant volé sur nos mauvaises routes.

Comment tant d’insolence destructrice peut-elle fonctionner plus d’une décade dans un Etat dit de droit ?

Mais peut-on parler d’Etat de droit, quand toutes les institutions ne sont plus que des cadavres où grenouillent des colonies de vermine qui boivent à la même coupe servie à la barbe de celui-là même qui est réputé en être l’ultime gardien ?

Peut-on gérer tout cela avec les sempiternels sermons, faits de paternalisme bon enfant, et de discours villageois ?

Qu’en attendre, sinon qu’après, les mêmes voleurs comme il les qualifie lui-même, continuent impunément leurs méfaits économiques, en vertu des décrets du même, qui les maintient là ?

La mamaya des ex-révoltées d’ENIPRA en faveur du plébiscite de Lansana Conté en 2003, par delà les recettes habituelles bien éprouvées pour réussir ce genre de retournement, notamment le fric, la corde tribale et le matraquage médiatique, prouve tout de même, cette vérité qu’a lancée ce thuriféraire du plébiscite lors d’un rassemblement : « Ce que femme veut, Dieu le veut ! .

Comme déjà en août 1977 !

Quant aux commerçants, tant de fois sermonnés et vilipendés lors de ces farces villageoises pour séries télévisées, ils donnent l’impression que tout ceci n’est que pour rire, comme entre larrons en foire. Comme ce cruel dénouement de la dernière crise du riz : sa flambée (aux alentours de 90000 fg), quelques jours seulement, après les solennelles promesses de baisse, lancées avec pompe par les autorités et les grands importateurs.

Les parents de Coyah, repentis en lieu et place de leurs enfants excédés par une bavure mortelle des maniaques de la gâchette facile, se sont entendu réclamer le remboursement des dégâts faits à quelques symboles de cette incurie érigée en République de Doumbélane.

Ces pantomimes aussi bruyantes qu’inoffensives, cachent mal l’incompétence dont elles se nourrissent. De fait, tout recours est devenu irrémédiablement vain auprès des résonateurs que sont le Conseil économique et social, le Conseil national de la communication, la Chambre de commerce, la Cour suprême, le Parlement (du moins pour les grands contentieux politiques et institutionnels). Le référendum de 2003 n’a-t-il pas définitivement verrouillé en les caporalisant, toutes ces institutions en un système de clientélisme gérontocratique, qui survit au moyen d’une privatisation-personnalisation généralisée ? (Bien évidemment, les compétences intrinsèques des titulaires de ces fonctions ne sont pas en cause).

En effet, les prix du ciment, du riz et de toutes les denrées de première nécessité sont en perpétuelle grimpette, inabordables pour le Guinéen moyen, malgré les coups de gueule et les sermons lancés par le « pater familias » : «  Foué » !

Autant en emporte le vent !

La suite au prochain Pessè, comme pour cette énième grève de la C.N.T.G. ?

En vérité, le Pouvoir est devenu introuvable. Nous l’avons dit : Il n’y a plus de pouvoir judiciaire, il n’y a plus de Parlement. Il n’y a même plus de gouvernement, malgré les apparences. Puisqu’il n’y a plus de conseils de ministres depuis belle lurette.

Plus grave : il n’y a plus de partis politiques !

Tout est bloqué.

UN PAYS EN ETAT DE COMA POLITIQUE AVANCE

Le pays est comme un malade entubé dans une salle de réanimation livrée à ces délestages d’électricité et d’eau, auxquels sont accoutumées les populations de la capitale guinéenne. La décence nous commande de ne pas aller plus loin dans le détail de ce sombre tableau clinique.

Il n’y a plus de partis politiques ?

Provocation, dira-t-on.

Mais comment dire les choses autrement, quand depuis 1993, date d’entrée en vigueur de la scélérate « loi anti-casseurs », les partis politiques ne peuvent plus agir ? Les quelques marches organisées au tournant des années 93-94, ont viré aux bastonnades, émaillées de bavures violentes, voire de meurtres qualifiés (grenade de Kamsar, assassinats à Mamou, à Kankan, au Camp Alpha Yaya, à Coyah, à l’Institut polytechnique, à l’Université de Kankan, à Faranah, et plus récemment alors qu’on parle d’élections, ces tirs à balles réelles sur des élèves de Dalaba.

Ne parlons pas de la politique d’intimidation dont les dirigeants des grands partis ont chèrement payé de leur personne : Ahmed Tidiane Cissé (après le fameux meeting du R.P.G. au stade de Coléah), Bah Oury, Bah Mamadou, Alpha Condé, Jean-Marie Doré, tous ces étudiants bastonnés voire torturés ou morts, et ces militants anonymes embastillés ou sur lesquels pèse l’épée de Damoclès de la déchéance de leurs droits civiques à chaque élection.

Pour parfaire ce musellement de la démocratie, souvenons-nous de l’encadrement des élections précédentes par l’omniprésence de la soldatesque surarmée et nerveuse, au point que les pauvres citoyens, parfois venus de très loin à pied, n’ont qu’une hantise, jeter dans une urne souvent béante, n’importe quel papelard, pour se tirer d’affaire au plus vite. Si l’on ajoute à cela les mille trucages, pour « sécuriser » (mot galvaudé par nos grands commis de l’Etat) ce que la mise aux enchères des consciences n’a pu garantir, on comprend le coup de grâce administré aux chefs de l’Opposition guinéenne.

On sait que les masses guinéennes ont largement donné leur dîme de sacrifices et de martyre dans le combat pour l’instauration d’un Etat de droit, plus de vingt ans après les horreurs du camp Boiro.Ca et là, avant ou à la suite d’élections truquées, des morts il y en a eu, peut-être plus qu’au Mali, au Togo, à Madagascar, pour la Côte d’Ivoire, attendons de voir. Et pourtant, dans ces pays, la dynamique du changement est en route et a abouti parfois à des changements significatifs, même quand les forces de l’immobilisme sont revenues (Togo). Partout sauf en Guinée, on a cessé de tourner en rond, comme en témoignent les acquis politiques, économiques, ou démocratiques dans ces pays, où une presse libre écrite, audio ou même audio-visuelle s’est épanouie.

Est-ce suffisant pour expliquer la mithridatisation de nos citoyens dont le souci principal reste la quête quotidienne du minimum vital, pourtant devenu l’un des plus faibles dans la sous-région ? En Guinée, nos hommes politiques, toutes tendances confondues, ont su éviter les surenchères qui ont conduit ailleurs à la guerre civile (notons au passage que ce mérite-là, qui n’est pas négligeable, le président actuel le partagera avec eux). Mais est-ce là la seule raison à cette impasse totale actuelle ?

L’appel incantatoire au dialogue, comme solution à une sortie de crise, semble avoir abouti à un magistral tour de passe-passe. Malgré les pirouettes verbales qui encombrent nos ondes et toutes les conversations privées, l’entrée en scène de ce nouveau sésame que serait devenue la «  société civile », ne signifie qu’une chose : La menace de disqualification d’une certaine classe politique. Appelons un chat un chat : les chefs des grands partis semblent tourner en rond autour du vide politique actuel, rempli par l’écho récurrent du tam-tam appelant aux plébiscites passés et à venir. Mais ce vide bien sonore est un champ de bataille rude, qui ne saurait être rempli par on ne sait quelle société civile commanditée par les commis de l’Etat, en lieu et place des masses tétanisées et atomisées par une misère sans nom.

Que faire s’il n’y a ni guerre ni dialogue ? Que faire quand toutes les institutions ont cessé de fonctionner ?

D’abord faire le constat d’une évidence : il n’y a plus d ‘Etat de droit. Et quand il n’y a pas d’Etat de droit, nous sommes bel et bien dans un état de non droit. Ce feuilleton burlesque de tous ces rendez-vous manqués d’un prétendu dialogue illustre bien notre propos qui est loin d’être sévère : nos hommes politiques (chacun selon les épisodes), s’épuisent à aider ceux qui y trouvent un intérêt à brasser du vent.

 

Car le Président l’a dit et répété, ceux qui veulent dialoguer doivent tous se mettre « derrière lui,..Le partage du pouvoir en Afrique est une fabrication des Etrangers.. »

 

Certes, nous entendons bien que tout citoyen ou tout groupe de citoyens puissent s’exprimer dans un colloque, lors d’une table ronde. L’action syndicale ou celle de tout autre groupement social ou culturel, manifestent une expression spécifique de la société civile. Mais nulle part ailleurs, nous semble-t-il, l’Histoire n’a enregistré le dénouement d’une crise de l’envergure de celle que connaît la société et l’Etat guinéens, par cet espèce de ping-pong inoffensif.

Au total, le dialogue que prône l’Administration, et prétendument voulu au sommet de l’Etat, n’est qu’un piège, un subterfuge, une manœuvre dilatoire pour faire illusion, pour gagner du temps, et pourquoi pas, des fonds auprès de nos bailleurs de fonds qui n’attendraient que quelques gestes de bonne gouvernance «  pour au moins soulager les pauvres populations qui n’en peuvent plus ».

Il peut sembler paradoxal, voire faire preuve de mauvaise foi, que d’affirmer que la récente publication des décrets satisfaisant aux exigences de l’opposition et des bailleurs de fonds, ne fait qu’illustrer ce qui précède.

En effet ni la composition de la C.N.A. ( commission nationale autonome, alors que l’opposition exigeait une C.N.I., commission nationale indépendante), ni le décret de libéralisation des ondes ( parus alors qu’il est impossible aux partis politiques d’en profiter pour la raison évidente que de nouveaux médias ne peuvent être techniquement fonctionnels avant les municipales fixées au 18 décembre ), ne seront susceptibles de dénouer la crise guinéenne actuelle. L’apparente volte-face des autorités pour satisfaire aux doléances de l’opposition est un coup de génie pour rafler la mise, sans pour autant garantir une sortie de crise.

Attendons de voir, car comme dit le philosophe du maquis, « la preuve d u lafidi, c’est qu’on le mange. » .

D’ici-là, chacun sait que l’enjeu véritable n’aura lieu qu’en 2010 !

En attendant, la vie des Guinéens est devenue impossible et la situation explosive.

Depuis les augmentations insensées du prix du carburant en Guinée, nous frôlons la catastrophe humanitaire. Donc 2010 n’est au mieux qu’un mirage dans un désert mortifère pour les masses guinéennes.

Pensons à tous ces jeunes (dont des Guinéens), qui meurent dans le désert du Sahara ou dans les flots des mers lointaines, si ce n’est de froid dans les trains d’atterrissage, comme Yaguine et Fodé ! Mendiants-errants, tristes ambassadeurs d’un pays de fantômes qui ressemble de plus en plus à un cimetière d’espoirs.

QUE FAIRE ?

Aujourd’hui, la classe politique guinéenne, si elle veut être digne de ses devanciers de 1958, doit s’extirper de ce sombre feuilleton et prendre la décision solennelle qui ouvrira la voie à une véritable alternance, celle du choix d’un homme de consensus, pour conduire l’organisation et la mise en œuvre d’un programme de gouvernement de transition.

C’est là un des préalables à la première véritable initiative pour reprendre le combat politique qui s’est pratiquement interrompu dès 1993, après la loi anticasseurs.

Le choix d’une personnalité de consensus pour conduire ce nouveau combat politique entraînera des conséquences cumulées propices à mobiliser l’ensemble des forces qui veulent réellement mener le combat pour l’alternance et le progrès.

  • C’est d’abord l’effet d’annonce de la mobilisation de tous les leaders autour d’une personnalité unique, qui serait considérable, puisque cela les laverait de cette suspicion nocive qu’ils ne rouleraient que chacun pour soi, derrière une façade d’unité, en vue d’occuper le moment voulu, l’unique fauteuil présidentiel. Levée cette suspicion, une autre tare inventée par la bande des 200 (mais pour être juste, ce chiffre devrait être revu à la baisse, ce nombre de hauts commis de l’Etat étant gonflé par tous ces honnêtes cadres, enrobés par la machine hiérarchique), oui, ce consensus retrouvé tordrait le cou à cet autre mythe qu’un Soussou , ou un Malinké, un Peul, un Ressortissant de la Forêt etc. , ne serait pas accepté comme Président, comme si aujourd’hui le pays était gouverné par un Mandjack ou par un Bija de Bingerville !
  • Ensuite, l’initiative politique passerait dans le camp des forces du progrès, affaiblissant de façon significative les détenteurs de l’appareil politico-administratif, malgré ses énormes moyens financiers et militaires.

Au total, l’unification du combat politique derrière une personnalité de consensus, mettrait pour la première fois sur la défensive, les hommes du PASSIF, qui prospèrent dans le malheur actuel de nos populations. En effet depuis 1995, voire 1993, les partis politiques se sont passablement résignés au légalisme parlementaire, qui s’est révélé infécond.

Nous entendons déjà l’objection :

A quoi bon cette stratégie, un coup d’Etat étant la seule et ultime action susceptible de mettre fin au blocage actuel !

 

Mais à supposer que par quelque opération du Saint-Esprit, un Jeune Soldat-président (comme il est « révélé » dans un fameux tract qui circulait récemment à Conakry), prenne le Pouvoir, qu’espèrent donc les tenants de cette éventualité ? Que ce miraculé leur remette le « Kibany », comme ça ? Et auquel des chefs de partis va-t-il le remettre si gracieusement ? Selon quelles modalités, puisqu’il ne sera probablement plus question de principes politiques démocratiques ? A moins que nos dirigeants démocrates, adeptes à l’occasion de coup d’Etat ne se satisfassent d’une 3è République militaire qui durerait combien de lustres encore, après un demi-siècle de dictature sanglante et molle ?

En vérité, la probabilité d’un putsch patriotique qui n’est assurément pas à écarter, ne dispense pas la classe politique d’apprêter un programme de transition. Le premier geste éminemment symbolique, mais non moins politiquement significatif, attendu de la classe politique, toutes tendances confondues (puisque toutes comptent des patriotes, de la mouvance présidentielle à l’autre extrême de l’opposition), serait le choix consensuel d’un rassembleur. C’est même l’hypothèse d’une telle accélération inconstitutionnelle des évènements, qui commande la nécessité et l’urgence d’un programme d’actions conduit par une seule personnalité, selon une stratégie consensuellement mise en place. Ainsi, la pression de nos partenaires de développement, qui comme chacun sait, ne tolèrent plus les régimes militaires, passé un délai raisonnable connu seulement d’eux, conjuguée avec une mobilisation déterminée de tous ceux qui n’en peuvent plus, enclencherait une dynamique de remise en route des actions de masse qui seules, conduiront à la mise en place des institutions et des structures indispensables à l’organisation d’élections libres et transparentes

Malgré la fin de non recevoir que cette suggestion avait reçue de la part des acteurs politiques, (pouvoir et opposition, hormis feu Alpha Sow), nul doute que la plupart de nos chefs de partis sont des patriotes. Vous avez donc messieurs, encore le temps de rassembler l’immense majorité des Guinéens qui sont aussi des patriotes autour d’un autre patriote, qui pourrait être l’un de vous et dont le portrait est simple à faire :

C’est un portrait qui se ramènerait à un engagement, celui d’être un homme de rassemblement, de consensus et d’action. Sa mission se terminerait dès la fin d‘élections libres et transparentes, en vue d‘élire un Parlement plus conforme au paysage politique dans sa diversité. Ce qui donnerait la possibilité d’organiser dans un futur proche, des élections pour le choix d’un Président, dans des conditions également libres et transparentes.

Ce travail titanesque, s’unir par delà toutes les frontières ethno-régionales, politiques, personnelles, les Guinéens l’ont fait en 1958.Ils avaient alors projeté une lumière pour toute l’Afrique, mais qui hélas s’est enténébrée dans les ornières macabres que l’on sait.

Mais un peuple averti..

L’Histoire condamnerait encore une nouvelle génération politique, qui laisserait cette lueur patriotique s’enliser dans les illusions des ego, éternels tombeaux des idées et des actions de progrès.

Enfin, ces propositions devraient émaner du cœur même du peuple de Guinée, qui battrait du même pouls lors d’ASSISES NATIONALES DE LA SOCIETE CIVILE, dont nous appelons la tenue en Guinée le plus tôt possible. La mise en œuvre de cette proposition serait mieux préparée par LE REPORT DES PROCHAINES ELECTIONS COMMUNALES

( 1 ) chiffre à revoir en hausse alors que le tableau socio-économique est encore plus sombre aujourd’hui .


 

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