« Et ces Soulakas, Nars, piètres lutteurs, faussaires de classe, fauteurs de razzias, et donc coupables de la Blessure du nom propre rendu fragments, mosaïque, pourpres tapis de castrats-rossignols ou d’eunuques-échansons ! Toute cette viande au service de viocs hédonistes aux bangalans inutiles trônant sur des harems de djantrats lascives, soumises à une danse de ventres stériles.
Honte à ces fatmas de mes deux Boucs lâchement éblouis, mors aux dents, saillant et souillant d’honorables Nedjma, sublimes et surréalistes, dansant selon une chorégraphie où Nous reconnaissons une topographie idéale pour une agression caractérisée par des faciès de tik tok, type top là ! Héba, eh bien dansez maintenant pour les ours blancs !
..Et Fatoké ou plutôt le Coumpo se livre à une étourdissante chorégraphie où les plumes donnent corps à un vautour lesté d’un muntu, gerfaut, oiseau de proie, orfraie prête à s’envoler pour de nouveaux forfaits..
L’Enchanteur s’assoit, mais poursuit son revival.
Nb : tous droits réservés pour cet extrait du Secret du Grand Secret à paraître dans 50 ans, quand le Phénix reprendra son envol ; en attendant Godot qui viendra avec les clés de « ce polar métaphysique.. » hermétique au Nous/Vous scellé par l’équerre et le compas. (Saïdou Bokoum)
Chroniques Algériennes
·➖33ème anniversaire de la disparition de l'illustre Kateb Yacine➖
♦️« Nedjma » de Kateb Yacine, un destin indépassable
Il y a juste cinquante-sept ans, Kateb Yacine disait dans une interview donnée aux Lettres françaises :
« L’Algérie, c’est avant tout l’Algérie ! Il n’y a pas d’Algérie berbère, il n’y a pas d’Algérie arabe, il n’y a pas d’Algérie française : il y a UNE Algérie… L’Algérie est « multinationale » et c’est une nation très riche dans la mesure où elle est « multinationale ». Il faut s’efforcer de saisir la totalité de l’Algérie. »
Cette affirmation contient malgré son caractère polémiquement catégorique une grande part de vérité. Saisir en tant qu’écrivain cette Algérie dans son intégralité est une tâche que Kateb Yacine s’est fixé avant tout à lui-même et c’est cet objectif qui fut à la source de ses recherches et de découvertes créatrices, puis lui servit de critère pour en faire le bilan complet.
Poète, prosateur, dramaturge, patriote, ennemi juré du colonialisme dès son plus jeune âge au lycée de Sétif, l’écrivain a su montrer à travers ses œuvres la pénible complexité du processus de la décolonisation, les drames qui se jouaient non seulement à découvert dans les luttes sociales mais aussi et surtout dans la vie des individus. Kateb Yacine avait pleinement conscience du lien entre les destins personnels et le destin d’un peuple dans son ensemble, ce qui ne l’empêchait pas d’apprécier ce qu’il y avait d’unique chez chaque personne.
Kateb Yacine a montré au monde, à travers Nedjma, l’histoire d’un pays dans toute sa difficulté d’être. Cette Algérie où la douleur était reine. L’honneur national foulé aux pieds et la dignité humaine humiliée, telles étaient ses sources. L’anesthésie spirituelle est impuissante à changer les choses. Seule une résistance personnelle incessante, une opposition intérieure permanente à l’oppression peut aider l’homme écrasé à se retrouver lui-même. Ce thème est précisément au centre de Nedjma.
Le roman est difficile. Il gagne à être relu au moins une fois. Des monologues intérieurs débordant d’émotion. Des panoramas des villes et de la nature algériennes pleins de poésie et imprégnés du rythme de la vie. Des excursions dans l’histoire, la politique, l’ethnographie. Des images de la vie quotidienne. Des souvenirs d’enfance. Des voix du passé.
Nedjma, qu’est-ce donc ? La confession d’un jeune algérien qui a reçu une éducation française ? L’histoire de la lutte inégale entre la tribu montagnarde des Kebloutes et les expéditions punitives de l’armée coloniale ? La description d’un amour douloureux de quatre amis pour Nedjma, incarnation de la féminité et d’une vitalité débordante ? Une narration des premiers pas de la résistance nationale algérienne ?
On trouve tout ceci dans le roman. Mais l’essentiel, c’est le chemin suivi par ses héros vers la liberté. Non pas en solitaires mais tous ensembles. Ce n’est nullement par hasard que #Kateb_Yacine passe à un rythme soutenu de la marche créé par des phrases courtes quand il dépeint une des scènes essentielles de #Nedjma, la manifestation du 8 mai 1945 à Sétif, à laquelle participent les jeunes Mustapha et Lakhdar qui chantent : «De nos montagnes s’élève la voix des hommes libres.»
Et c’est cette voix qui constitue le thème principal de ce roman polyphonique. « Rien n’entame l’épaisse colère de l’opprimé », dit Kateb Yacine. Il ne craint pas de montrer tous les écueils auxquels se heurtent ses personnages avant que leurs caractères n’acquièrent la maturité exigée par la lutte de libération : leur instabilité, leur impulsion, leur soumission aux traditions et à leurs propres instincts.
C’est en pénétrant au cœur même des angoisses, des souffrances, des passions et des espoirs de Rachid et Lakhdar, Mourad et Mustapha que nous apprenons à mieux comprendre. ✍🏻 Kamel Bencheikh / Algérie cultures (À la une Art & Lettres) / 8 Mai 2021
Hommage à Kateb Yacine, Abdel Kébir Khatibi, Driss Chraïbi, Rachid Boudjedra, etc.
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- Saïdou Nour Bokoum
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