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On ne peut donc parler de souveraineté économique, quand les principales banques du pays sont contrôlées par des capitaux étrangers.

En Afrique, colonisation oblige, les banques étaient effectivement contrôlées par les capitaux des puissances européennes. Mais, depuis les années 1980, la situation a évolué favorablement avec l’émergence des banques à capitaux majoritairement africains.
Toutefois, en Afrique francophone, les banques françaises étaient dominantes en raison de leur ancienneté .
Aujourd’hui, nous entamons une nouvelle phase historique avec le mouvement de retrait des banques françaises dans la plupart des pays africains où elles détenaient de solides positions. Qui prend leur relève ? Des groupes d’actionnaires africains.
C’est dans le secteur bancaire où le transfert de compétences managériales a été le plus réussi en Afrique.
Dans cette nouvelle dynamique, il y a des différences notables entre les pays. Hormis l’Afrique du Sud, c’est le Maroc et le Nigéria qui se taillent la part du lion. Le Sénégal et la Côte d’Ivoire se lancent dans le jeu, notamment avec la reprise des filiales du groupe bancaire français BNP respectivement par des privés sénégalais et l’État ivoirien. Qu’en est-il de la Guinée ?
Pour répondre à cette question, nous constatons avec amertume que : l’État est introuvable.
Nos dirigeants n’ont qu’une seule ambition en prenant le contrôle du pays : s’enrichir.
Depuis les privatisations des années 1980, ils n’ont initié aucune politique pour favoriser la création des champions nationaux dans les secteurs économiques stratégiques.
Quand le groupe BNP a décidé de se retirer du marché guinéen, au ministère de l’économie et des finances, à la BCRG et à la présidence, personne n’a pensé à saisir cette occasion pour racheter ses parts afin de garder sous drapeau guinéen la BCIGUI où l’État est le deuxième actionnaire majoritaire après la BNP.
Après BNP, c’est la Société Générale qui est en train d’amorcer son retrait du marché africain. Le groupe bancaire français vient de céder sa plus grande filiale africaine au groupe marocain Saham. J’ai lu dans la presse que les tractations sont en cours pour la cession de sa filiale guinéenne à Bank of Kigali. À coup sûr, le Sénégal et la Côte d’Ivoire ne laisseront pas passer sous pavillon étranger les filiales sénégalaise et ivoirienne de la Société Générale.
Bank of Kigali symbolise le nouvel état d’esprit des dirigeants africains qui comprennent l’importance du système bancaire dans le développement économique de leurs pays.
Bank of Kigali a été créé en 1966 par un partenariat entre l’Etat du Rwanda et la banque belge Belgolaise (Fortis). En 2007, au départ de Fortis, le Rwanda rachète ses parts. Bank of Kigali est donc une banque dont l’actionnaire majoritaire est l’État rwandais.
L’État guinéen aurait dû faire de même avec la BICIGUI.
Ce que les États rwandais et ivoirien ont fait pour reprendre des banques contrôlées par des capitaux étrangers, pourquoi l’État guinéen ne le ferait-il pas ? Trouvez-vous normal qu’une banque publique rwandaise reprenne la première banque guinéenne dans l’indifférence ou avec le soutien du gouvernement guinéen ?
En ce moment, nous ne pouvons que prendre acte de l’incurie des dirigeants de facto du pays. Par contre, dès que nous serons au pouvoir, les deux anciennes filiales de BNP et Société Générale seront reprises par l’État quitte à proposer pour une période transitoire l’assistance technique de leurs anciennes maisons mères. Le marché bancaire est ouvert à tous les acteurs étrangers. Toutefois, il est vital qu’au moment où partout en Afrique on assiste à la reprise du contrôle national des principales banques, que la Guinée ne suive pas cette nouvelle dynamique économique.
Nous devons prendre conscience des lourdes conséquences politiques et économiques pour notre pays d’être dirigé par des médiocres. C’est le peuple de Guinée qui est le dindon de la farce. Regardez par vous-mêmes l’immense gâchis de ce pays qui était destiné à être l’une des locomotives de l’économie ouest africaine.

Actualités de Guinée Conakry. Nouvelle République de Guinée, www.nrgui.com Le Collectif Touche pas à ma Constitution, tous anciens conseiller du Conseil National de la Transition (CNT), était ce vendredi 29 mars 2019, face aux médias. C’était dans la salle Mohamed Koula Diallo de la maison de la presse de Guinée.

A cette rencontre, les conférenciers ont adressé un message clair aux prétendants d’une nouvelle constitution.

« Pour changer la monarchie et revenir à l’ordre de l’Etat et de la république, ça été un combat de longue lutte dont il ne faut pas fragiliser et mettre ça dans un contexte revisable et au souhait des groupes politiques. Aujourd’hui, toute l’Afrique a brulé par l’effet de l’accaparement des pouvoirs par les dirigeants qui ne veulent pas le jeu politique dont l’un des fondements essentiels est l’alternance et les élections transparentes. Le CNT, a réussi sous une forme intengible la durée et le nombre de mandat du président de la République », indique Boubacar Siddighy  Diallo, ancien rapporteur du CNT.

Yaya Diallo & SNB pour www.nrgui.com

En somme, le griot de l’empereur chute de son podium d’Historien sur un tabouret d’archiviste, unique meuble dans un caveau où les mythes ont bouffé les archives. Quelle solitude ! Mais alors de quoi étaient faits les fils des navet(te)s du tisserand Kobélé pour confectionner la literie et la lutherie du Tyran qui préfèrera aller mourir à Cleveland, dans l’antre de « l’impérialisme à bas ! » ? Je vous la fais brève : pas d’archives pas d’Histoire. En espérant que le fabuliste en tirera les conséquences : cesser de bercer les Komokoudounis d’historiettes négationnistes trempées dans les senteurs âcres du sang de tant de martyrs. Was-Salam (Saïdou Nour Bokoum).
Lisez :
"Pourquoi est-il difficile aujourd’hui d’écrire sur la Première Publique (1958-1984) ? (El Hajj Kobélé)

Le 21 octobre 2017, au Ministère des Affaires Etrangères, la destruction des sources documentaires de la Première République s’est invitée dans les débats qui ont animé la dédicace de mon livre :« Ahmed Sékou Touré, l’Africain qui a osé dire ‘’NON’’ au général de Gaulle le 28 septembre 1958 »....

En effet, devant la volonté de certains de faire croire que l’étude du passé de la Guinée se réduit à la répression provoquée par les différents complots montés contre notre pays entre 1958 et 1984, il estapparu la nécessité de prouver aux jeunes en particulier, que nous avons une histoire glorieuse ; que les complots et leur répression ne sont qu’un pan de cette histoire, comme dans tout pays qui lutte contre la tentative de sa néo-colonisation.
C’est pourquoi je continue à estimer qu’il ne faut rien cacher aux jeunes en général, et à ceux d’entre eux, qui veulent faire de la période récente leur domaine de recherche et d’écriture, en particulier. Ils doivent connaître les difficultés qu’ils vont rencontrer dans la recherche préalable d’une documentation efficiente sur tout thème de cette période qu’ils voudront traiter.
Pour les aider à répondre à l’importante question qu’ils se poseront à l’entame de leur entreprise, à mesurer l’importance du travail préalable qui les attend et la qualité de discernement dont ils doivent faire montre pour échapper à la manipulation des philistins et des affabulateurs,donc obtenir des résultats qui résistent au temps parce que vérifiables et irréfutables, je vais tâcher de leur présenter un aperçu de l’état des sources primaires de la documentation de l’histoire comme suit :
1. Bref aperçu du patrimoine documentaire guinéen au 2 avril 1984 :
Les Archives nationales :
Elles ont hérité des archives coloniales composées des documents produits par les différents services techniques et les sociétés de traite portant sur l’économie, la santé, la culture, l’école, les infrastructures, les religions, les personnages historiques, africains et européens, les renseignements sur les personnalités politiques africaines de l’époque, sur les diverses élections, les CV des candidats aux différentes élections, etc. ; on y trouve aussi les rapports de mission des chercheurs guinéens et français, des comptes rendus de mission des parlementaires métropolitains et des tournées des commandants de cercle, des rapports politiques, des correspondances officielles, les rapports des gouverneurs du territoire, les rapports de Police sur les activités des organisations sociales, leurs publications, les études sur le commandement africain, la chefferie en particulier, sur la société en général, etc.
Mais en raison de l’exiguïté des locaux, après celui concernant la période 1958-1961, aucun versement ne se fit jusqu’en 1984, chaque producteur de documents d’archives les gardant désormais à son niveau.
Les archives de la Présidence de la République :
L’une des pratiques remarquables de feu Président Ahmed Sékou Touré, déjà doué d’une mémoire d’éléphant, c’est qu’il classait méthodiquement tous les documents qu’il envoyait, ou qu’il recevait de Guinée, de l’Afrique et de l’étranger. Ses archives, extrêmement sensibles et inestimables, en particulier les documents des associations d’opposants guinéens à l’étranger, étaient bien conservées depuis le début de son combat politique, et politique syndicale.
Les archives des assemblées(territoriale et nationale) :
Ce sont des documents constitués de 1946 à 1984 :procès-verbaux des Assemblées et des élections des membres des diverses commissions de travail, divers débats, diverses résolutions et décisions, procès-verbaux des sessions et des commissions de travail, textes officiels adoptés, listes des membres des différentes assemblées, CV des élus ; photographies diverses, autres documents relatifs aux rapports de coopération avec d’autres assemblées étrangères, etc.
Les Archives des Départements ministériels :
Elles sont conservées et bien classées dans chaque département ; ce qui a permis de faire le point sur les activités et le bilan de chaque ministère durant les 26 ans de la Première République, à travers des conférences par secteur, telle celle sur l’éducation, au lendemain du coup d’Etat.
Ce département disposait en outre d’un service de Statistique et de Planification de l’éducation, en relation régulière avec toutes les inspections académiques régionales du pays ; il donnait la réalité de l’éducation tant sur le nombre d’élèves, que sur l’infrastructure, etc.
Sa bonne tenue et sa rigueur scientifique étaient vivement louées par l’UNESCO.
Les services d’appui (IPN, SNA, académie des langues) fournissaient des supports d’enseignement (manuels, lexiques pour les huit langues nationales retenues, etc.)
Les Archives du PDG :
Elles étaient réparties comme suit:
Les archives d’avant le 2 octobre 1958, étaient bien classées et conservées dans des locaux appropriés, à l’emplacement actuel de la Grande Mosquée de Conakry. Tous les documents relatifs à la lutte du PDG pour son implantation et l’indépendance de la Guinée, et les documents relatifs aux partis adverses, BAG et DSG, s’y trouvaient. Elles seront transférées à la Permanence Nationale du PDG à Kaloum, après l’’agression du 22 novembre 1970.
C’est un décret du 27 novembre 1971 qui décida la création de la Grande Mosquée de Conakry,ce haut lieu de l’Islam avec une capacité de 12.500 fidèles. La pose de la première pierre eut lieu le 12 octobre 1973 et la bâtisse réalisée fut baptisée au nom de feu sa majesté Fayçal Ben Abdelaziz Al Saoud ; mais la construction avec l’aide de l’Arabie Saoudite n’a débuté qu’à partir de 1977 ; l’inauguration eut lieu le 20 janvier 1984 par Feu le Président Ahmed Sékou Touré, à son retour de la mémorable conférence de l’OCI à Rabat (Maroc).
Les archives d’à partir du 2 octobre 1958 comprenaient, depuis l’agression du 22 novembre 1970, celles d’avant et celles d’après cette date ; le tout se trouvait désormais à la Permanence nationale du parti, à l’emplacement actuel du ministère de la Jeunesse et de l’Emploi des Jeunes. Tous les documents, manuscrits ou imprimés relatifs à la gestion du PDG, aux grandes instances du parti, et aux activités de ses organes intégrés s’y trouvaient également classés jusqu’au coup d’Etat du 3 avril 1984. Des études détaillées sur chaque village de Guinée, avec la mise en place des populations, faisaient partie également des fonds précieux des archives.
Au niveau de toutes les structures décentralisées du parti et de ses organes intégrés, existaient également des archives. Il en était de même des structures administratives.
Ce qui permit descollaborations avec l’administration décentralisée, pour élaborer des monographies sur toutes les préfectures par les autorités de la préfecture concernée, des origines jusqu’à mars 1984.
Les Archives des services de sécurité :
La Police, la gendarmerie, la milice et l’Armée avaient aussi, chacune, ses propres archives pour le suivi de leurs activités spécifiques et la programmation de leurs différents projets.
La Bibliothèque nationale :
Ayant hérité des maigres fonds coloniaux de la section guinéenne de l’Institut Fondamental de l’Afrique Noire (IFAN) à Dakar, la BN devint l’un des services importants de l’Institut National de la Recherche et de la Documentation de Guinée (INRDG), créé par décret le 10 novembre 1958, quand l’Assemblée Constituante adoptait la première constitution de la Guinée indépendante. Assidûment fréquentée par les étudiants et les professeurs de l’Institut Polytechnique de Conakry, elle était devenue un lieu de rencontres et d’échanges scientifiques, un centre de documentation privilégié des étudiants et des professeurs.
Des commandes successives faites par la direction et par des professeurs sur la base de catalogues reçus en particulier de la Bibliothèque Nationale de Paris, ont accru ses fonds ! Deux structures françaises commerciales étaient chargées de l’achat de livres (Editions Sociales) et de l’abonnement aux périodiques (Euro-périodiques), et de leur envoi directement à la Bibliothèque Nationale de Conakry. La Banque Centrale de Guinée disposant d’un budget spécial pour honorer ces commandes, était chargée du paiement en devise des montants dus à ces deux fournisseurs.
La Bibliothèque nationale achetait aussi des « Bons de l’UNESCO » en dollars, pour compléter ses fonds documentaires et l’achat du matériel d’équipement à l’étranger.
Ses acquisitions se sont accrues également par échange de documents avec les bibliothèques et centres de documentation étrangers.
En effet, la Direction réussit enfin à faire signer un décret présidentiel instituant le dépôt légal ; des exemplaires au nombre déterminé de chaque publication imprimée (livres, journaux et autres brochures) étaient déposés à la Bibliothèque Nationale par l’imprimerie Patrice Lumumba et la structure dela partie éditrice de la publication ; il en fut de même ainsi des documents universitaires (mémoires de fin d’études universitaires imposés à tous les étudiants de toutes les chaires, revues, diverses publications). Elle procédait ensuite à la répartition des documents reçus :-entre les bibliothèques universitaires comme la Bibliothèque de l’institut Polytechnique de Conakry en particulier, -les Archives Nationales de Conakry, et -la Bibliothèque nationale de Conakry. Elle gardait un lot important pour l’échange de publications avec les centres étrangers ; cela explique l’existence de nombreuses publications de la Première République dans les grandes bibliothèques et autres centres de documentation étrangers.
Il faut noter aussi que la Bibliothèque nationale de Conakry avait reçu de la Fondation Ford des Etats Unis, vers 1965, une importante somme d’argent en devises pour l’achat d’un fond important et unique en Afrique, le Fond de la traite des esclaves qui se trouvait dans un local sécurisé que fréquentaient les chercheurs spécialistes de la question , essentiellement des étrangers venant d’horizons divers et des professeurs guinéens.
La Banque centrale de Guinée :
On y trouvait les documents (décrets, arrêtés, etc.) relatifs à la création de la monnaie guinéenne, de la Banque Centrale et des banques spécialisées guinéennes.
Jusqu’en 1965, le gouverneur établissait annuellement un rapport d’activités de la Banque centrale renfermant les statistiques de tous ses services. Et à partir de cette date, il travaillait désormais avec un Bureau d’études.
Les cadres organiques, les rapports d’activités, les situations statistiques sur la monnaie, la balance des paiements, la dette extérieure, etc. constituaient l’essentiel des archives consultables sur l’évolution de la situation monétaire jusqu’en 1984.
Les archives de la prison du camp Boiro :
Elles étaient également bien conservées, bien classées et comprenaient les rapports d’enquêtes, les dépositions des accusés et leurs correspondances avec les autorités, les jugements des tribunaux spéciaux et d’autres documents obtenus par divers moyen (Police, Gendarmerie et Armée) sur chaque accusé.
Archives de la RTG :
Jusqu’au 3 avril 1984, la RTG s’appelait encore la « Voix de la Révolution ».
Les documents sonores constituaient ses fonds, puisque seule la radio existait ; les archives comprenaient tous les discours officiels, tous les travaux de toutes les instances du parti, les documents sonores de toutes les rencontres internationales in situ, les dépositions enregistrées des accusés et tous les documents sonores des différents procès, etc.
Avec la création de la télévision le 14 mai 1977, date anniversaire de la création du PDG-RDA, ses archives s’accrurent et comprenaient désormais à la fois des documents sonores (audio) et visuels (vidéo).
LIBRAPORT :
Entreprise d’importation et de vente de matériels de bureau et de publications de toutes spécialités ; elle disposait d’un stock important de marchandises diverses, surtout des livres. Ses succursales essaimaient toutes les préfectures.
Le Musée national et les musées régionaux :
Ils disposaient d’un fonds très important et recueillaient des objets d’art spécifiques à chaque région de la Guinée, sous diverses formes : achats, dons, échanges, etc.
Il est à noter que les locaux actuels de Sandervalia, y compris la case, ont été réalisés par Le Comité Révolutionnaire des Femmes, structure dirigeante des femmes du PDG-RDA.
Le cinéma, la photographie, la musique :n’étaient pas en reste puisque tout avait été organisé très tôt :
-Le 2 janvier 1967, un décret présidentiel crée une régie nationale de la cinématographie et de la photographie Syli cinéma-photo.
-En 1974, le secteur devenu très important, deux entreprises nationales avaient été créées : syli- film et syli-photo, qui ont eu chacune leurs archives conservant des exemplaires de leurs productions pour des besoins de participation à quelques rencontres africaines et étrangères.
Des films comme Bakary Woulen, Mory le crabe, huit et vingt, hier aujourd’hui et demain, riziculture dans le Bagata, Guinée touristique en coproduction avec la France, l’Afrique danse avec la République fédérale d’ Allemagne, faisaient la joie des amateurs.
Syliphone :
Pour la musique, si les bandes magnétiques étaient faites à Conakry par l’enregistrement des différents orchestres, c’est le Syliphone qui était chargé de l’impression des disques en France, à SONODISC.
A partir de 1977, il s’occupa également de la vente des postes de télévision, des radios simples, des cassettes-audio.
Au 2 avril 1984, le syliphone disposait :
- d’un important stock de disques des orchestres guinéens ;
- d’un important lot de cassettes, audio et vidéo (umatic), de discours enregistrés d’Ahmed Sékou Touré, destinés à ses amis et à ses collègues chefs d’Etats ;
- Une cargaison de 800 télévisions Philips dont 150 envoyées par le colonel Kadhafi ;
-500 radios Sony venant d’Arabie Saoudite ;
-300 radios double cassettes marque Sharp.
Voilà, brièvement présentée, la situation du patrimoine documentaire de quelques institutions et structures nationales au 2 avril 1984.
II- La situation du patrimoine documentaire à partir du coup d’Etat du 3 avril 1984 :
L’une des conséquences désastreuses du coup d’Etat du 3 avril 1984, c’est la destruction en très grande partie du patrimoine documentaire du peuple de Guinée, patrimoine essentiel à l’écriture correcte de son histoire récente, et nécessaire à la compréhension et aux solutions de certaines de ses énigmes contemporaines en particulier.
Plus ou moins bien conservé et bien classé, ce patrimoine avait non seulement le mérite d’exister, mais il traduisait l’œuvre propre des Guinéens dans tous les domaines et encourageait l’expansion de cette forme d’expérience autonome en usage depuis 1958.
Dès la prise du pouvoir par certains officiers guinéens de l’Armée le 3 avril 1984, l’idée centrale fut de faire disparaitre toutes les traces écrites, orales et matérielles de la première République, synonyme de révolution.
La jeune génération ne doit rien ignorer du passé récent de son peuple, de peur d’être privée dans son combat, de solutions endogènes, au lieu de recettes importées et imposées.
Aussi, la presque totalité de toutes les archives écrites, ou traces matérielles significatives guinéennes a été l’objet d’un vandalisme inqualifiable dont la nation se remettra difficilement: -destructions, -vols, -rejets à la mer, -incinérations, -confiscation, -vente des infrastructures économiques, industrielles, commerciales et culturelles à vils prix, -transfert de documents importants hors du pays, etc. !
Des délateurs qui avaient peur d’être démasqués, ont cherché à se débarrasser d’archives compromettantes ; des hommes d’opposition au régime, ont entrepris de faire disparaitre systématiquement les preuves de leur culpabilité, alors que d’autres ont procédé à la destruction des documents hautement embarrassants, quand ils ne les soustrayaient pas pour les garder frauduleusement.

Quant aux pays étrangers qui ont « aidé » à perpétrer le coup d’Etat, ils emporteront également d’importants documents d’archives, certains par des conseillers africains (dont des guinéens de double ou triple nationalité), ou européens placés dès la prise du pouvoir, dans différents départements ministériels, à la Banque Centrale, et dans d’autres banques spécialisées et jusqu’à la Présidence de la République.
C’est à ce niveau qu’il faut situer l’origine de la fortune colossale de certains nouveaux riches.


Ce sont ces destructions d’importants documents d’archives, et cette confiscation de la mémoire collective des Guinéens, qui ont permis à certains de mentir effrontément par la suite, puisqu’ils supposent que toutes les archives primaires ont été détruites par incinération, rejet à la mer ou vol, etc.
Voilà pourquoi ils continuent à clamer que la Première République n’a rien fait, puisque tout ce que le peuple a réalisé en ne comptant essentiellement que sur ses propres moyens durant la période des vingt-six ans, a été détruit, sauf les cadres formés in situ ou à l’étranger et qu’on a tentéde dévaloriser en les soumettant à des test humiliants, sous le prétexte fallacieux de compresser le trop plein de travailleursde la Fonction publique qui n’est toujours pas assainie; or, ceux qui ont confisqué une partie de ce patrimoine documentaire devraient les rendre, ne serait-ce que par respect pour notre pays .
On sait aussi que le changement de régime a également eu lieu dans de nombreux autres pays. Les auteurs étaient-ils plus patriotes que les nôtres ?
En tout état de cause le cas de la Guinée est tellement révoltant qu’on est envahi par une colère permanente.
En effet, dans les autres pays, il n y a pas eu de vandalisme. Dans les pays de l’Est par exemple, les changements de régimes n’ont pas donné lieu au vol et à la destruction des archives des pays car, les nouvelles autorités de ces pays avaient pris toutes les précautions pour que tout le patrimoine documentaire fût préservé et bien conservé. Aucun cadre, si important fût-il, ne s’était permis de détourner un seul élément dudit patrimoine que tout citoyen peut consulter de nos jours pour mieux connaitre les régimes qui ont précédé dans ces pays de l’Est qui avaient même des polices secrètes comme la Stasi dans l’ancienne RDA (Allemagne de l’Est) dont on peut toujours visiter les anciennes usines, les musées, les camps militaires, etc.

Des spécialistes ont donclibre accès aux documents des époques passées. C’est dire qu’une grande partie de la mémoire des peuples de ces pays est ainsi bien classée et bien conservée et consultable par toutes les générations qui n’ont pas vécu les périodes concernées.

Ce qui est impossible aujourd’hui en Guinée où on a vu des membres du CMRN se présenter au lendemain du coup d’Etat, parfois seul, pour exiger que des secrétaires leur livrent des documents de feu le Président Ahmed Sékou Touré, ainsi que les clés des différentes armoires contenant lesdifférents fonds documentaires et lorsqu’ils essuyaient le refus catégorique des secrétaires, ces pauvresses étaient purement et simplement chassées de leurs bureaux pendant que des équipes militaires étaient dépêchées pour débarrasser le plancher sous différentes formes.
Le capitaine kémokokeita,à l’époque chargé des archives présidentielles, sera purement et simplement tué bien avant l’arrestation des membres de la famille du président à peine ce dernier disparu.

La Première République avait également laissé des traces matérielles de caractère infrastructurel, économique, industriel, commercial, politique, culturel et social qui seront toutes soit détruites, soit revendues à vils prix, soit débaptisées (pour des écoles), par des cadres dirigeants sans état d’âme patriotique ! « Ceux qui avaient aidé le CMRN à prendre le pouvoir », avaient emporté les documents qui les intéressaient. La haine et le ressentiment, pour les premiers, le désir de revanche ou de vengeance, pour les seconds, conditionnaient ces actes criminels.
Voilà, brièvement dépeintes, certaines méthodes utilisées pour détruire nos archives et notre patrimoine à partir du 3 avril 1984, sous la supervision effective et vigilante des extrémistes du CMRN, qu’on peut qualifier de Comité Militaire de Rejet National.
III.- Illustrations
Les Archives nationales.
La destruction a commencé au lendemain du Référendum du 28 septembre 1958, avec les autorités coloniales, suite au référendum et à la victoire du ‘’NON’’ rejetant la domination française car, «l’ordre secret fut immédiatement donné d’emporter toutes les archives à Dakar et à Aix-en-Provence, ou de détruire tout ce qui ne pouvait pas être emporté.


« La nouvelle République devait ‘’naître’’ et démarrer sur une page blanche de son histoire » !
Seuls « des commandants de cercle se retireront plus discrètement, sans exécuter le vandalisme ordonné à Conakry » et c’est ce qui permit certaines résolutions en 1980,avantageant la République de Guinée, grâce à un document découvert dans les anciennes archives de Gaoual sur le bornage de la frontière, évitantainsi un conflit frontalier avec la République de Guinée-Bissaau.


La destruction des archives guinéennes ont repris de plus belle, en s’amplifiant à partir du 3 avril 1984.

Ainsi, suite à la tentative de coup d’Etat du 4 juillet 1985,alors que nous nous préparions, sur instruction des autorités de tutelle, à déménager (selon les normales en la matière), les fonds des archives nationales furent jetées pêle-mêle, en quelques jours, par les prisonniers de la Sûreté de Conakry, dans une des salles du Musée national ! Malgré les protestations des cadres des différents services de l’Institut central de Recherche et de documentation de Guinée(ICCRDG) qui en avait la tutelle, il nous avait été rétorqué que la zone était « désormais affectée par l’Autorité » au bataillon des bérets rouges nouvellement créé, ‘’le camp de Koundara’’, actuel camp Mokambo.


Certes, les documents n’avaient pas été incinérés ; mais ils avaient été livrés aux rats et aux souris et avaient fait l’objet de vols fréquents, dont une partie servit pendant longtemps d’emballage aux vendeuses des marchés de Conakry.
La destruction de la Bibliothèque nationale

C’est à partir de juillet 1987, que la Bibliothèque nationale ne put plus remplir sa mission d’institution de conservation du patrimoine imprimé national, faute de locaux appropriés et des saccages de cette époque.


En effet, alors que son département, le ministère de l’Enseignement Primaire et de l’ Alphabétisation, a toujours été installé dans le complexe administratif de l’Education à Conakry-ville (Kaloum), la ministre en charge du département fera éparpiller les fonds de la Bibliothèque Nationale dans différents lieux, afin de déménager dans les locaux de cette institution et de la direction de la recherche scientifique ; ces services lui rappelant la première République dont elle ne supportait aucune trace dans son voisinage.

Heureusement que ce département a finalement été renvoyé à son bâtiment d’origine, quand son titulaire perdit son poste. Mais la Direction de la recherche scientifique et la Bibliothèque nationale n’ont plus récupéré leurs locaux où se trouve désormais le Ministère de l’Emploi, de l’Enseignement Technique et professionnel.
Ainsi, les fonds de la Bibliothèque nationale restèrent jetés, pêle-mêle, en divers endroits inappropriés où ils seront pillés à volonté : -au 2e étage de l’imprimerie Patrice Lumumba, -à la permanence fédérale de Conakry II avant de devenir une piscine privée (actuelle Marocana), - et au Palais du Peuple. Ils ont été livrés aux pluies torrentielles de Conakry et aux mammifères rongeurs pendant 12 ans.

Cette action criminelle ne suscita aucune réaction, même de la part des cadres des départements ministériels de l’Education.
Il a fallu l’arrivée d’un cadre heureusement compétent et patriote, Dr BabaCheickSylla, Dr en bibliothéconomie, et le concours de certaines Ambassades de l’époque et de « certaines âmes généreuses » pour procéder au ramassage des restes de ces fonds et à leur conservation dans la case du Musée national de Sandervalia à Kaloum, en attendant toujours leur transfert dans les nouveaux locaux dont la cérémonie de remise des clés a eu lieu depuis le 5 octobre 2016 ; le non équipement des locaux serait à l’origine de leur non inauguration espérée avant la fin de « Conakry, capitale mondiale du livre ».
Il faut particulièrement insister sur le fond unique, en Afrique, de la traite des esclaves, acquis vers 1965 grâce à la Fondation Ford des Etats-Unis, difficilement récupéré en partie par l’ancienne Direction de la Bibliothèque Nationale.

La débaptisation des écoles fut le sport favori de certains ministres du secteur de l’éducation.
Débaptisations des écoles

Prenons l’actuelle école Frederic Mayor de Boulbinet : elle s’appelait CER du 22 novembre 1970 pour immortaliser une opération militaire qui ébranla la Guinée et dont les conséquences sont encore vivaces; c’est la ministre de l’Enseignement Pré-universitaire et Alphabétisation à l’origine du triste sort de la Bibliothèque nationale qui procéda à ce changement de nom, le premier nom lui rappelant l’agression du 22 novembre 1970 suite à laquelle son conjoint avait été « condamné et emprisonné comme complice actif ».

A Kaloum, le CER 14 mai(date de naissance du PDG en 1947), a été débaptisé en Collège« Château-d’eau »
A Matam, le CER 1er mars a été débaptisé et s’appela d’abord Lycée Matam ; mais la décision ayant paru quelque peu stupide à certains, l’établissement reprit son nom initial du Lycée 1er mars, date de création de la monnaie guinéenne, en 1960.

La même opération de destruction et de débaptisation se poursuivra à Conakry et à l’intérieur du pays.
Le Libraport :

Tout le stock du Libraport, sera également détruit, incinéré ou jeté à la mer, qu’il s’agisse des œuvres du PDG, des publications des services d’appui des différents enseignements ou des ouvrages de toutes spécialités chèrement acquis dans tous les pays étrangers en devise..
Son site a été également bradé à un Guinéen de la diaspora qui y a construit le siège actuel de sa société, la Société financière de Guinée (SOFIG).
Les archives de la présidence de la République :

Leur sort sera plus dramatique : dès la prise du pouvoir, des membres du CMRN s’y rendront ; des documents extrêmement importants seront brûlés et les intéressés emporteront les plus compromettants pour eux et leurs complices.
Or, ces archives, inestimables et précieusement conservées, auraient été aujourd’hui d’un intérêt capital, pour confondre les philistins, confirmer ou infirmer certaines certitudes, certaines accusations et faire taire certains faux témoins trop prolixes depuis qu’ils sont convaincus que la plupart des preuves de leur culpabilité ont disparu.
Les archives de la permanence nationale du PDG
Elles subiront le même sort. Presque toutes les œuvres et les documents d’archives du parti, seront soit incinérés, soit jetés à la mer. Des documents importants seront emportés par certains membres des mêmes autorités. Deux témoignages méritent d’être cités :
« J’ai personnellement assisté à la scène pour la Permanence Nationale. Les œuvres du PDG étaient jetées dans tous les sens et certaines au feu qui était allumé dehors pour cette incinération...Un tel traitement pour un pays qui avait formé tant d’universitaires en un quart de siècle, 85.000 dans les meilleures universités du pays et du monde est impensable», écrit Mr Sanassy keita.

Le second témoignage est d’un autre cadre bien informé, feu Aly B. Cissé, qui a assisté à certaines opérations de destruction : l’intéressé a vu, par exemple, « les camions militaires pleins de « tomes », des fascicules de la revue « RDA » ou des lexiques de valorisation académique de nos huit langues nationales dans lesquels le cycle complet de l’enseignement élémentaire était dispensé , jetés à la mer par le CMRN ».
Mr Sanassy Keita a noté « que les archives ministérielles,
après un tri sommaire très risqué par quelques cadres patriotes, furent vidées des armoires et jetées par les nouveaux ministres à peine promus, à la mer ou au feu »,
La Banque centrale
Aux premières heures du coup d’Etat du 3 avril 1984, les membres du CMRN ont répandu le bruit qu’ils n’ont rien trouvé dans les caisses et les comptes de la Banque Centrale.
Or, le jour même du coup d’Etat, le 3 avril 1984, une délégation du CMRN s’y était présentée. Dirigée par les commandants Sory Doumouya et Barrou Diallo, elle procéda à la passation de service avec la vice-gouverneur de la Banque centrale, extraite de sa cellule des 32 escaliers du camp Alpha Yaya, à cet effet. Le fonds se composait
- du fonds propre de la BCRG, en Syli et en devises diverses.
- du fonds de solidarité collecté en faveur de Koumbia (Gaoual) suite au tremblement de terre de décembre 1983 (en milliards de Syli et 7 millions de dollars) ;
- d’un chèque de 4 millions de dollars offerts par le Roi Hassane II au Président Ahmed Sékou Touré, qui l’a remis, comme il avait l’habitude de le faire pour chaque don personnel en devises, à la BCRG pour ses différentes opérations ;
-Une réserve d’or en lingots de 600 kg qui ont été ramenés, en février 1984, de la Banque de France par un avion affrété par Air Guinée sur instructions expresses du Président Ahmed Sékou Touré, « pour éviter toute interprétation tendancieuse, après ma mort », répondit-il au gouverneur de la Banque Centrale que la décision avait surpris.

Il faut signaler aussi la liquidation, par des militaires, de Mr Sékou Touré, de Forécariah, le caissier principal de la BCRG, fusillé pour avoir refusé de donner la clé de la caisse à une autre équipe militaire.
C’est grâce à la « lettre ouverte à la Nation » du capitaine Alpha Kaba, un homme bon et honnête, courageux et même téméraire, gouverneur de la BCRG (13 juin1984-13 juin1991) que l’on sut exactement la situation trouvée au 3 avril 1984 en réserve d’or et recettes en devises(dollars) et comment l’argent a été dépensé. Il dut démissionner pour échapper aux différentes pressions et intrigues devenues insupportables. Ce fut ensuite la ruée des membres du CMRN et du gouvernement sur ces différents fonds.

Tout cela rend le travail de la numismatique très difficile en Guinée.

Les archives de la prison du camp Mamadou Boiro seront également dépouillées de leur contenu : un ancien pensionnaire de cette prison, profitant de ses postes de ministre et de Président de la sous-commission recherche et documentation de la commission du livre blanc du CMRN, mise en place pour démontrer que tous les complots dénoncés par les autorités de la Première République sont faux, (et dont nous ne verrons jamais les résultats, et pour cause !), ce ministre donc, semble être l’un de ceux qui ont effectivement constitué leurs collections personnelles à partir de ces fonds. Les travaux de sa sous-commission ont débuté le 21 mai 1987. Ce sont certainement les premiers résultats obtenus qui lui ont, en grande partie, permis de rédiger son pamphlet mensonger en 2007.

Le secrétaire général de cette commission, dénoncera nommément, dans le compte rendu des travaux de recherche effectués de 1987 à 1998, d’autres membres de ladite commission comme ayant emporté, hors du pays, à la Fondation Senghorde Dakar en particulier, une grande partie des documents trouvés.
Les archives de la RTG
Elles n’ont pas été épargnées et de nombreux enregistrements censés compromettre certains cadres morts ou vivants ont disparu du fait de certains dirigeants de la RTG, qui s’agitent actuellement dans d’autres structures sociales, en particulier les documents relatifs au procès de janvier 1971 de l’agression du 22 novembre 1970. Un expert étranger aurait même traité la situation des documents d’archives de la RTG de « catastrophique ».
Syliphone
A partir du 3 avril 1984,
Le stock de radios, de télévisions et de cassettes-radios seront réparties entre des membres du CMRN et du gouvernement.
Disparaitront également :
-Un important stock de disques des orchestres guinéens. C’est grâce à la collaboration de la Bibliothèque nationale de Conakry avec celle de Londres qu’un expert australien (qui a une belle collection de la musique guinéenne, que l’ancien directeur) a constitué un coffret syliphone, constitué de CD conservé à la Bibliothèque Nationale de Conakry.
-Le lot de cassettes audio et vidéo de discours enregistrés d’Ahmed Sékou Touré destinés à ses amis et à ses collègues chefs d’Etats.
Une histoire cocasse entoure le grand téléviseur qui se trouvait chez feu le Président Ahmed Sékou Touré : le tiraillement entre deux membres du CMRN pour sa possession....
La recherche scientifique
Outre les rapports de mission, le bilan annuel des centres de recherche, divers documents scientifiques, l’Institut Central de Recherche et de Documentation de Guinée (ICCRDG) venait de tenir sa réunion de fin de projet avec les experts de l’UNESCO : financé à hauteur de 630.000 dollars, les Nations unies avaient accepté le document de projet présenté par le gouvernement qui avait permis de faire l’inventaire du potentiel scientifique et technologique de la Guinée, sous la supervision de l’UNESCO, en vue de l’ élaboration d’une nouvelle politique scientifique pour le pays. Tous ces acquis ont en grande partie disparu en Guinée

Le Syli cinéma devenu Centre franco-guinéen

Ici existaient le Syli-cinéma et la cinémathèque nationale. Ils ont été rasés pour construire ce centre. Au moment de cette destruction, Mr Aly B. Cissé a vu « enfouis dans la boue des milliers de courts métrages et longs métrages de notre cinémathèque ». C’est dire que l’Ambassade de France d’alors a également participé à la destruction des traces historiques de la Guinée. Elle aurait dû refuser l’offre empoisonnée et construire ce centre ailleurs comme la France l’a fait dans d’autres pays.

Par ailleurs, la salle de cinéma d’en face qu’on appelle aujourd’hui cinéma Liberté s’appelait le 8 novembre ; il s’agit de la Loi-cadre du 8 novembre 1964, une date importante dans l’histoire du peuple de Guinée, puisqu’ elle sera à l’origine du complot de 1965, dit Complot Petit Touré.
La volonté de destruction des traces du passé immédiat était telle que n’eut été le refus catégorique de la CAF et de la FIFA, les autorités de l’époque auraient changé le nom de l’équipe nationale de football ; le nom Syli évoquant la Première République, et Ahmed Sékou Touré en particulier.
C’est aussi grâce au refus obstiné du président Lansana Conté que la stèle du 22 novembre 1970 se trouvant à l’esplanade du Palais du peuple n’a pas été dynamitée par les extrémistes du CMRN.

C’est dire que la période 1958-1984 sera difficile à étudier et à filmer, faute de sources documentaires primaires suffisantes conservées et de témoins objectifs et fiables ; depuis le 3 avril 1984, en plus des destructions des archives du passé :
1. Aucune politique de collecte de sources primaires n’a été organisée ;
2. Aucun dépôt légal n’a été institué en faveur de la Bibliothèque nationale, malgré tous les efforts de l’ancien directeur de cette institution;
3. La non application effective du titre 2 du Dépôt de la loi n° 2 CNT du 22 juin 2010 sur la liberté de la Presse reste impunie: l’article 12 de cette loi précise que le dépôt de chaque périodique doit être fait « aussitôt après tirage » ; or, la Bibliothèque nationale ne reçoit rien , tandis qu’ aux archives nationales, il n’est déposé parfois que des rares invendus d’un ou deux titres de presse ;
4. Les auteurs de la destruction et de la confiscation des différents documents n’ont jamais été inquiétés, ni sommés officiellement de restituer une partie du patrimoine documentaire ou traduits devant la justice,
5. La plupart des vrais acteurs et témoins de la Première République ont disparu et aucune campagne n’est faite par les médias pour un débat national contradictoire et public avec la participation de ceux qui vivent encore.
6. Aucune démarche officielle d’accès ou de récupération des archives sur les relations franco-guinéennes de 1958-1984 n’a été tentée, comme cela a été fait avec succès par les autorités rwandaises ! Elles permettraient, si elles sont toutes transmises à la Guinée de mieux clarifier certains contentieux politiques guinéens.

La lumière des sources primaires est une exigence pour toutes recherches efficientes, une nécessité vitale pour connaître, étudier et comprendre le passé d’un pays, replacé dans son contexte véritable ; plus elle est vive, mieux sera connu ce passé. Quand elle existe, elle permet de vérifier la véracité et l’authenticité des témoignages oraux. Et Il s’agit, pour nous, du passé récent et de la mémoire récente de la Guinée. C’est dire que la connaissance de la situation de notre patrimoine documentaire nous parait d’autant plus importante qu’il a été heureusement constaté enfin par le précédent ambassadeur de France en Guinée (dont le pays est l’un des acteurs de cet acte criminel) que « la Guinée a déjà détruit trop de traces de son passé ».
Ce qu’il faut tout simplement espérer désormais, c’est l’échec de la tentative d’inventer une autre histoire de la Guinée en se servant de faux témoins et des opportunistes invétérés (cf. cas des Travaux de la Commission provisoire de réconciliation nationale dont le financement aurait été plus profitable ailleurs ).
Ce sont les sources primaires dont les trois quarts ont été détruits qui auraient permis aux jeunes qui n’ont pas vécu les faits du passé de connaitre et d’entrer plus profondément dans la réalité de ce passé et de pouvoir s’expliquer plus objectivement certains faits qui sont annuellement évoqués, mais dont on refuse de leur expliquer le contexte, les tenants et les aboutissants.


C’est pourquoi je continue à militer pour l’organisation d’un débat national, public et contradictoire sur le passé récent de notre pays tout en sachant que ceux qui risquent d’en pâtir font tout pour qu’une telle rencontre n’ait pas lieu du vivant de certains acteurs et témoins. Car, si ce débat a lieu, la plupart de ceux qui s’agitent actuellement et falsifient effrontément les faits pourtant avérés ne prendront pas la parole de peur d’être ridiculisés par d’autres témoignages qui les confondraient parce que basés sur des faits vérifiables.
Le refus des vrais témoins oculaires et objectifs de se manifester et de contribuer à éclairer la lanterne des Guinéens qui n’ont pas vécu les faits du passé est également un handicap sérieux pour la mémoire collective d’autant que beaucoup d’entre eux disposent en outre d’archives privées authentiques et enrichissantes.


Aujourd’hui par leur silence coupable, ils sont également non seulement victimes des affabulateurs, mais aussi de certaines médias devenues des médias d’opinion, qui continuent à semer le doute et la confusion dans la tête de la nouvelle génération, sans soumettre les données recueillies ou articles parfois télécommandés à une des exigences du vrai journalisme : la vérification et la confrontation des sources.
Mais entendons-nous bien : il ne s’agit pas de ces « témoins » qui ont assumé de hautes responsabilités administratives, politiques, économiques culturelles ,etc. sous la Première République et qui veulent se faire passer aujourd’hui pour des résistants sous la première République alors qu’on n’était pas nommé ou élu par « hasard » à certains postes : il fallait être du sérail, dans l’entourage immédiat des personnalités influentes du pouvoir de l’époque et les servir aveuglément quand on obtient ces promotions. Ces faux témoins militent même aujourd’hui pour la réécriture de l’histoire de la Guinée à leur façon.
L’association des historiens de Guinée, présidée par Dr Aly Gilbert Iffono, essaye de remédier en partie à cette situation depuis quelques années et continue à se battre avec un document de projet intitulé : « Rédaction de l’histoire générale de la Guinée des origines à nos jours ». Sur intervention du Président Lansana Conté, un budget spécial avait été dégagé en 1996 à cet effet. Mais la totalité des fonds obtenus avait été détournée au Ministère de l’Economie et des Finances d’alors.

Certes, « se projeter dans l’avenir sans la mémoire de notre héritage, c’est bâtir sur du sable mouvant», pour reprendre Dr Baba Cheick Sylla, ancien Directeur général de la Bibliothèque Nationale de Conakry, mais l’association des historiens guinéens espère toujours la réalisation de son projet pour que certains enseignants, certains établissements scolaires guinéens, publics ou privés, cessent d’enseigner «leur histoire de la Guinée » et que les jeunes guinéens disposent d’un ouvrage de référence, d’un instrument de formation sur le passé de leur pays qu’ils pourront enrichir par de nouvelles recherches. Il suffirait de le vouloir effectivement par la mise en place d’un budget à cet effet.
Qu’on cesse donc de nous tympaniser à toute occasion avec des interventions manipulatrices et démagogiques. Ceux qui veulent vraiment aider les Guinéens à reconstituer les traces, au moins écrites de leur histoire, doivent plutôt aider cette Association des historiens guinéens (de l’intérieur et de l’ étranger) non seulement à regrouper tous ceux qui veulent se consacrer à cette entreprise nécessaire, qu’ils se trouvent en Guinée ou à l’extérieur, mais les aident concrètement à réaliser ce projet.

Les faits historiques d’un pays sont têtus ; même si de nombreuses sources primaires ont été sciemment détruites ou volées à dessein en Guinée, il existe des centres à l’étranger, où se trouve bien traitée, une bonne partie des documents essentiels à l’écriture correcte et autant que possible objective de notre histoire récente, celle de la Première République en particulier

 

El hadj SidikiKobélé Keita
Enseignant-chercheur

Une certaine presse se fait l’écho d’un article intitulé « Gestion Opaque des entreprises publiques : Alpha CONDE et Kassory face à l’histoire » sous la plume d’un maître chanteur connu pour ce type de publication diffamatoire. On ne peut s’empêcher de pouffer de rire, tant le ridicule qui le caractérise frise un profond malaise.

Cet article qui se veut être un dossier n’a manifestement pas fait l’objet d’investigations vu le gouffre abyssal entre ses affirmations et la vérité. En réalité, il se résume à des attaques acerbes et non fondées contre une seule personne, le directeur du FER, à ne pas confondre avec celui de la Direction Nationale de l’entretien routier dont il ignore la vraie mission. Pour s’attaquer au niveau intellectuel d’une cible, comme cela a tout l’air d’être le cas ici, ce maître chanteur devrait faire preuve d’un minimum de compétence dans le domaine qu’il brandit comme étant le sien : le journalisme. Ce qui voudrait dire dans son cas, d’écrire un texte qui honore le lecteur. Or l’article, sur le plan de la rédaction ne fait pas honneur au métier, ni au site qui l’héberge, mais au contraire, met à nu une médiocrité sans pareille.

En investiguant juste un peu sur la toile, moi je l’ai fait, il est loisible de trouver qu’avant d’être honoré pour occuper cette fonction, la cible du jour était un haut cadre évoluant dans le secteur privé et bien évidemment, il le restera et les injures d’aucun mercenaire de la plume n’y changeront rien.

Sur le fond, cette compilation de diffamations, pour ne pas dire article sur les entreprises publiques ne correspond nullement à la nomenclature et aux règles définies par la Loi 056 sur la Gouvernance Financière des sociétés et établissements publics.

Sur le plan Economique, quel  Etat, non producteur de pétrole, avez-vous  vu se priver de la taxe sur les produits pétroliers ? Une telle affirmation vise simplement à intoxiquer l’opinion publique.

Les commanditaires de ce torchon d’article, lâchement tapis dans l’ombre, sur lesquels l’auteur donne quelques indices (de passage, on le remercie pour cela. on y reviendra la prochaine fois), lui font soutenir que la dégradation des ponts et tous les problèmes du réseau routier sont de la faute et de la responsabilité du FER, institution qui serait simplement une caisse dont la mission est de payer aveuglément les factures à lui soumises ; il pouvait relever lui-même la contradiction de ses propos.

Qu’il retienne juste que cette ‘’caisse’’ fonctionne selon des règles précises, conformément aux règles de comptabilité de l’OHADA, auditée et inspectée. Toutes ces informations sont disponibles sur Internet.

S’il avait pris un minimum de peine pour s’informer (comme je l’ai fait les doigts dans le nez) ou de suivre sa propre logique de raisonnement, il aurait relevé que la programmation n’est pas de la responsabilité du FER.

Ce FER dont il soutient sans preuve qu’il ne sert qu’à financer des personnes ou un parti politique, a engagé en deux mois plus de 40 milliards pour financer les travaux d’urgence auxquels l’auteur fait allusion. Il aurait pu au moins relever cela.

L’auteur cite avec précision les ressources mobilisées en 2017 pour financer les travaux d’entretien de 4 Maîtres d’ouvrage repartis entre 3 Ministères (Ses commanditaires semblent curieusement très proches du dossier, on y reviendra, c’est une promesse). Là, je le rejoins. C’est bien la preuve que les ressources mobilisées et dépensées par le FER ne font l’objet d’aucun secret puisqu’elles sont publiées, y compris sur le site qui se fait souvent porteur de ces propos diffamatoires.

Je ne m’étalerais pas plus. J’ose espérer qu’à l’avenir, il prendra au moins la peine de demander à ses mandants, réels auteurs de l’article, de lui fournir un minimum de preuve pour ses prochains « dossiers ».

 

Solo Niaré

Introduction

 

Le Monde publie un article de Christophe Châtelet intitulé “En Guinée, la percée wahhabite bouleverse les équilibres religieux”

http://www.lemonde.fr/…/en-guinee-la-percee-wahhabite-avanc…

Depuis l'arrivée d'Alpha Condé au pouvoir certains journaux parisiens, y compris Jeune Afrique, multiplient les reportages et les publireportages sur la Guinée. On se souvient ainsi d'un autre papier sensationnel en 2015 dans Le Monde « Avec les gangs de ‘l’Axe’, mercenaires politiques de Conakry » sous la plume de Joan Tilouine.

http://www.lemonde.fr/…/avec-les-gangs-de-l-axe-mercenaires…

L'optique est la même : on met l'accent sur les tensions, les frictions et la violence, sur le négatif. On néglige le quelque rare positif, ou les problèmes réels du pays. C'est une recette connue pour vendre davantage d'exemplaires.

Cette fois-ci, Le Monde a mis le cap sur Labé pour y chercher des poux sur la tête des fidèles et du clergé musulmans de la ville. Mais l'article est parsemé d'erreurs historiques. Il souffre de généralisations abusives. Et il expose des points de vue superficiels.

Erreurs

1.      D'emblée, l'article parle de la “confrérie soufie des tidjanes”. Il est plus exact de dire que la tijaniyya est un ordre religieux, qui contient des confréries. Ces dernières peuvent diverger sur des questions de leadership, des points du culte, etc. Par exemple, dans les années 1940, il y eut la sérieuse querelle tijaniyya entre omariens orthodoxes (ou du chapelet à douze-grains) et hamallistes (ou du chapelet à onze-grains).

2.      L'auteur identifie la “confrérie soufie des tidjanes”. Il est exagéré d'attribuer le qualificatif sufi à toute une confrérie. D'abord parce que le sufisme n'est pas l'apanage des tijaniyya. Bien au contraire, il représente “le cœur spirituel de la tradition islamique”. Ensuite parce que c'est le mysticisme, commun aux religions abrahamiques (Judaïsme, Christianisme, Islam). 
En Islam, quelle que soit la tradition (sunni, chi'ia), le rite ou école (Hanafi, Shafi'ite, Malikite, Hanbalite), l'ordre (shazaliyya, qadriyaa, tijaniyya, etc.), le soufisme est toujours présent, mais en filigrane et à titre exceptionnel. Car tout musulman n'est pas suffi. Bien au contraire, seuls les croyants capables de mener la difficile quête, la tension du corps, de l'esprit et de l'âme vers Allah, peuvent être des sufis. Ils renoncent aux des biens et privilèges terrestres ; ils vivent dans la piété, la prière, la simplicité, etc.

Au 19e-début 20è siècles les grandes paroisses du Fuuta-Jalon pratiquaient le mysticisme à travers les veillées mystiques (jarooje – jaroore au singulier.) dans les mosquées. Et de grands sufi (ou waliyyu) ont émergé et dirigé ces manifestations intenses de la foi.

3.      L''auteur présente le wahhabisme comme un “islam rigoriste émanant des pays du golfe Arabo-Persique”. En réalité, le wahhabisme est un phénomène saoudien. Il ne couvre pas tout le Golfe Arabo-Persique.

4.      La position des bras et des mains (le long du corps ou croisés sur la poitrine) est caractéristique, certes. Mais elle n'est pas la seule distinction entre malékites et wahhabites.

5.      L'article indique correctement que le MALÉKISME inclut la TIJANIYYA. Mais l'auteur n'établit pas la même relation pour le WAHHABISME, qui fait partie du HANBALISME.
Cela dit, le croisement des mains existe au Fuuta-Jalon depuis longtemps, par exemple chez les Qadriyya Jakanke de Labé (Paraya), dans leur ex-métropole de Touba, etc.

Histoire et politique

1.      Christophe Châtelot parle de “Labé ancienne capitale du défunt royaume théocratique du Fouta-Djalon”. Non, Labé était certes la plus grande province des neuf provinces du Fuuta-Jalon théocratique, mais la capitale confédérale était Timbo et en même temps une province à part entière. Les sept provinces étaient : Fugumba, Keebali, Buriya, Kollaaɗe, Koyin, Foduyee-Hajji, Timbi.

2.      Un informant du nom d'Alimou Barry déclare péremptoirement : « Ici, dans le Fouta-Djalon, explique-t-il, survit un système de castes au sein de la communauté peule dont tu peux difficilement sortir. » Le journaliste et lui-même auraient dû illustrer un tel propos. Sinon, il ne rime à rien pour le lecteur distant. La même source prétend que le wahhabisme est “nouvelle science leur offre cette possibilité en les accueillant dans une communauté plus égalitaire.” Là également, il aurait fallu démontrer.

3.      La conclusion de M. Barry est tout à fait inventée et erronée. Il affirme : « Chez les tidjanes, seuls les nobles dirigent les prières. » Il devrait étudier la formation théologique et la hiérarchie interne tijaniyya. Les relations entre disciple et maître sont essentiellement scolastiques et méritoires. Elles dépouillées de considérations de rang et de caste.

4.      L'article passe sous silence la période coloniale française. Et le nom de la France n'est même pas mentionné. C'est dommage, car le journaliste aurait dû se rendre à la Bibliothèque nationale à Paris pour y éplucher l'ouvrage de Paul Marty, L'Islam en Guinée : Fouta-Djallon. Publié en 1921, il reste indispensable à toute enquête ou étude sur l'Islam dans cette terre que Gilbert Vieillard appela adéquatement en 1937 le « Dar al-Islam » (Porte de l'Islam), en Afrique de l'Ouest, c'est-à-dire.

5.      L'article glisse des insinuations sur deux personnalités principales de la ville : l'imam (Elhadj Tierno Badrou) et le préfet (M. Safioulaye Bah). Le journaliste commet au sujet de ce dernier une double erreur ; (a) il l'appelle gouverneur (b) il restreint son domaine de responsabilité à la ville. En réalité, Safioulaye couvre toute la PREFECTURE de Labé. Et au-dessus de lui, il y a le gouverneur de la REGION de Labé. La ville proprement dite est dirigée par le maire.
Christophe Châtelet affirme : « Jusqu'à récemment, la famille d'Al-Hadj Badourou Bah régnait sans partage sur la ville… La famille Bah s'est probablement endormie sur ses lauriers. » Tout cela c'est du verbiage. J'en parle en tant que cousin aîné des deux personnalités. Et je tiens à rappeler ici l'hécatombe et la décapitation de cette famille sous la dictature de Sékou Touré.

Généralisation abusive

L'article se base sur une seule petite mosquée du quartier Tata 1 de Labé, avoisinant l'aéroport vétuste et abandonné de la ville. 

Cela n'empêche pas Christophe Châtelet de titrer son article comme si le contenu s'appliquait à tout le Fuuta-Jalon et à toute la Guinée. Il aurait pu tenir compte du fait que (a) Labé ne se réduit pas à Tata 1 (b) le Fuuta-Jalon ne se ramène pas à Labé ! (c) en plus du Fuuta, la Guinée comprend trois autres régions.

Quand l'histoire se répète

Sans le savoir apparemment, les groupes wahhabites présentés ici répètent un peu l'histoire du Fuuta-Jalon. Au 19è siècle la même tension avait opposé les arabisants (Shaykh Umar Taal et alliés) et nationalistes (Tierno Sadu Dalen, Tierno Muhammadu Samba Mombeya, et leurs successeurs, Tierno Aliyyu Buuɓa Ndiyan, Shayku Luda Dalaba, Tierno Ibrahima Kompanya, Tierno Jaawo Pellel, Ramatulaahi Teliko, Tierno Abdourahmane, etc.) Le conflit portait sur la question de la langue de vulgarisation de l'Islam. Fallait-il utiliser l'arabe ou le Pular pour propager la parole d'Allah et le message du Prophète Muhammad ? L'histoire a tranché et donné raison aux seconds, dont la philosophies consignée dans Oogirde Malal en ces termes :

Sabu neɗɗo ko haala mu'um newotoo
nde o fahminiraab ko wi'aa to ƴi'al.
Yoga Fulɓe no tunnda ko jannginiraa
Arabiyya oc lutta e sikkitagold.

Traduction

Je citerai les Authentiques en langue pular
pour t'en faciliter la compréhension et l'acceptation.
A chacun, en effet, seule sa langue permet
de saisir ce que disent les Authentiques.

Alfâ Ibrâhîm Sow a magistralement résumé la contribution de la génération de Tierno Samba et de leurs successeurs, lorsqu'il écrivit en 1971 :

« Si le Filon du bonheur éternel (Oogirde Malal) continue, cent cinquante ans après sa rédaction, à émouvoir les lecteurs de notre pays, c'est surtout à cause de la vocation littéraire qu'il assure au pular-fulfulde, à cause de sa versification juste, sûre et élégante, de sa langue saine, savante et subtile, de la volonté nationale d'affirmation culturelle qu'il incarne et du désir d'autonomie et de dignité linguistiques qu'il exprime. »

Aujourd'hui, les wahabbistes voudraient donc récidiver en répétant les erreurs du passé. Ils cherchent à confisquer l'Islam à leur profit à travers l'arabité. Malheureusement pour eux, il ne suffit pas de baragouiner l'arabe pour être érudit. Il faut comprendre assez la religion pour savoir la vulgariser dans les langues locales.

Orientalisme, panarabisme, colonialisme culturel

Les wahhabites du Fuuta-Jalon se comportent comme de vulgaires agents de l'orientalisme (jadis esclavagiste) et du panarabisme religieusement dominateur mais politiquement divisé. D'où le propos naïf et cupide de leur porte-parole, Diallo Al-Hamdou : « Les Arabes ont de l'argent. » Une fois de plus, tous les Arabes ne sont pas wahhabites, loin s'en faut.… Ici, il apparaît qu'Al-Hamdou et ses congénères souffrent de la même aliénation culturelle et mentale que l'impérialisme européen imposa jadis aux diplômés de l'école coloniale dans ses possessions territoriales d'Afrique et d'Asie. Les effets de ce lavage de cerveaux continuent leur ravage. Il est aggravé par l'échec de l'Afrique post-coloniale matérialisé par les vagues d'assaut de migrants généralement peu scolarisés sur l'Europe.

Al-Hamdou avoue être un alcoolique reconverti. C'est louable. Mais il mesure aussi son “succès” par l'argent reçu d'Arabie Saoudite. Ce qui lui a permis de prendre une seconde femme “voilée, en plus de la première qui ne l'est pas.” C'est pathétique !

L'habit ne fait pas le moine, et le voile ne garantit pas la piété islamique. Les femmes fulbés n'ont pas besoin de s'habiller à l'orientale pour pratiquer leur religion et étoffer leur foi musulmane.

Les wahhabites copient aveuglément des coutumes étrangères. C'est facile. Mais qu'ils sachent que l'Islam fuutanien est ancien. Et qu'ils ne peuvent pas altérer cette profonde et riche tradition spirituelle. Leur activisme n'est ni spirituel, ni émancipateur. Il est politicien et mystificateur. Comme l'a remarqué Alpha Mamadou Cellou Diallo, un des interlocuteurs de Christophe Châtelet, les wahhabites propagent « une culture de la médiocrité ».

Soutenue de l'extérieur mais incapable de s'enraciner, leur activité pourrait bien n'être qu'une tempête dans une calebasse d'eau.

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